Le monde brillait autour de moi de cent mille petites étincelles trépidantes. Par je ne sais quel besoin d'évasion, par je ne sais quelle soif de savoir inassouvie, j'avais à nouveau ce jour-là abandonné mon corps comme on ôte un manteau trop chaud ou trop lourd pour la saison. Cinq ans, déjà! Cinq ans depuis ont glissé dans les océans du passé. Pas un lieu, pas une rencontre, semble-t-il, ne chasseront de ma mémoire l'instant qui, à jamais, sera pour moi la deuxième aube. J'avais vécu quelques mois en quête de la Clé, j'ai mis cinq années à trouver la Serrure! Celle du coffre aux Merveilles, de la malle aux Espoirs ; celle de la Porte d'un Monde dont la signification et la valeur n'échapperont pas à ceux qui sont à la recherche du mystère de la Vie et de la Mort ; cependant, les élans poétiques ou enthousiastes ne sont pas tout. Ce n'est pas à demi-mots que je désire m'adresser au lecteur, mais au contraire avec des paroles simples et directes.
J'avais donc ce jour-là abandonné mon corps trop pesant sous moi. Sortir de mon enveloppe de chair était devenu, non pas comme on pourrait le supposer une fuite vers un monde que je jugeais meilleur, mais plutôt une sorte de soupape de sécurité, un moyen de boire à Pleins Poumons un immense bol d'air pur et régénérateur. Comme toujours dans un semblable état, je me sentais irrésistiblement attiré vers le haut, vers je ne savais quelle cime invisible. Je décidai finalement de m'abandonner à ce désir persistant et presque incontrôlable. Qui sait si quelque Eldorado céleste n'agissait pas sur moi comme un aimant? Je m'attendais à prendre de l'altitude, à contempler la ville d'une hauteur d'une bonne centaine de mètres tout au plus ; car enfin, vraisemblablement mon ascension devait bien, prendre fin à un moment ou à un autre...
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