Pas pour les âmes sensibles!

Ce qui frappe dans ce court ouvrage, c’est la misère : économique, culturelle, intellectuelle et morale. Bien que le style soit complètement différent et le niveau de détail plus scabreux, il rappelle en cela les pages les plus noires de « Germinal », d’autant plus que l’action se passe dans le Nord. Il y a toutefois deux différences majeures : le tout se déroule maintenant, entre 1992 et 2009, et est censé être autobiographique. En effet, l’auteur Édouard Louis a changé de nom peu avant la publication du livre et s’appelait réellement Eddy Bellegueule jusque-là.

Bien qu’il affirme vouloir dénoncer avec son œuvre les carcans sociaux qui perpétuent l’indigence qu’il décrit, certains y verront un règlement ce compte envers sa famille et son village d’origine. Dans certains pays, des poursuites pour diffamation seraient d’ailleurs assurément envisageables. De toute manière, le fait que, grâce à son talent, à sa persévérance et … au système scolaire, l’auteur ait pu accéder à 19 ans à des études en philosophie à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm confirme que les choses ont progressé depuis Zola!

Dans la version audio, le roman est suivi d’une interview révélatrice avec l’auteur qui avait alors 21 ans. Sa voix, son ton et sa manière de s’exprimer sont effectivement celles d’un Normalien!

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