Sujet trop vaste pour un seul historien

Si l'œuvre est remarquable dans son ensemble, elle laisse entrevoir beaucoup de failles lorsqu'on l'examine attentivement. L’analyse de la politique de Staline est incomplète et pas toujours objective, particulièrement en ce qui concerne ses objectifs révisionnistes en Europe et sa politique d’agression. L’impact du “Prêt-Bail” reprend la version de la propagande russe qui cherche à le minimiser, en occultant son rôle de soutien et de développement de l’économie soviétique et des équipements militaires en dehors des chars, avions et canons. Plusieurs ont critiqué les lacunes de l’analyse militaire de l’auteur. Tout en comprenant le désir de l’historien de vouloir détruire certains mythes qui ont toujours cours, la méthode est parfois déficiente. Ainsi Rommel n’était pas un génie militaire : d’accord, mais quels sont les critères objectifs qui définissent un génie militaire? Le manque de connaissance de l’auteur pour d’autres régions du monde entraine un manque de profondeur (et des erreurs). Ainsi, son analyse de la résistance du Québec à la conscription relève presque des préjugés que l’on retrouve dans une certaine historiographie canadienne-anglaise. Et il a complètement échappé à l’auteur que la réaction des Québécois est conforme à celle des habitants de toutes les Amériques, dont aucun pays n’est rentré en guerre avant 1941. Bref, malgré tous les mérites de l’auteur et l’immense travail qu’il a accompli, il reste qu’un ouvrage aussi ambitieux sur la Seconde Guerre mondiale aurait grandement bénéficié d’être entrepris par un collectif d’historiens de diverses spécialités et de diverses nationalités.

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