Kenji Tokitsu est né au sud de l’île principale du Japon deux ans après la fin de la deuxième guerre mondiale. Il grandit à la campagne où se trouvaient encore des traces de bombardement. Le Japon est alors dans une période de pauvreté et de reconstruction, la violence était partout. Très tôt, il est attiré par le sabre, le sabre en bois était alors son jeu préféré. Il prend goût au sumô (lutte classique japonaise) dès l’entrée de l’école primaire, en devint champion régional, et le pratiquera jusqu’à l’âge de 14 ans. Il est également attiré par le karaté, mais il n’y a pas de dôjô à la campagne. Il doit alors se contenter d’imiter les grands qui le pratiquaient en cachette, en les observant.
Parallèlement, il commence à pratiquer le kendô en 1958 en obtenant une dérogation, car il est à l’école primaire à cette époque. A 12 ans, il entre au collège du village et se passionne pour le base-ball. De 12 à 14 ans, il pratique le sumô, le base-ball et l’athlétisme (100 mètres et saut en longueur).
En 1962, il entre au lycée Toyora, situé dans la ville de Shimonoseki, et s’inscrit au Nogi Dôjô du karaté, l’école Shitô ryû. Il s’initie parallèlement au jûdô.
En 1964, il obtient le 1er dan du karaté.
En 1967, il réussit le concours universitaire de Hitotsubashi (jumelé à HEC en France) à Tokyo. Il y fait des études de droit, puis de sociologie. Il s’inscrit au dôjô universitaire de karaté qui enseignait l’école Shotokan du style JKA.
En 1971, il obtient le diplôme universitaire de Hitotsubashi en sociologie. Puis il vient à Paris pour pratiquer le karaté comme assistant de Me Kasé (†) en poursuivant en même temps ses études à la Sorbonne. Il obtient son 3ème dan de karaté par Me Kasé.
En 1974 il prend son autonomie pour la pratique et la recherche du karaté et s’établit seul avec un petit groupe composé parmi ses élèves. Il va au Japon pour un mois et s’entraîne sous la direction de Me S. Kubota, ancien élève de G. Funakoshi.
En 1977, il retourne au Japon durant un mois pour s’entraîner avec Me. Shôzan Kubota et il obtient le 5ème dan de karaté. A cette occasion, il entre en contact avec Me S. Guima (†) qui était l’élève de Me A. Itosu et de G. Funakoshi et apprend un kata classique de « Gojûshiho », très différent de celui qu’il avait appris du Shotokan.
En 1979, Kenji Tokitsu publie son premier livre « La voie du karaté », éd. Seuil, Paris. Il y analyse la structure d’arts martiaux en expliquant comment on peut développer des capacités de combat à un âge avancé au moment même où les facultés corporelles primaires baissent inévitablement. Ce livre lui a ouvert une possibilité de communication vers l’extérieur et lui a permis de construire une base sur laquelle il pourra développer son école en France. Son livre attire un nombre important de psychanalystes et de psychiatres. Durant la dizaine d’années qui va suivre, il a connu plus de quarante psychanalystes faisant partie de ses élèves dans son dôjô de Paris.
Parallèlement, il obtient le Brevet d’Etat du 1er degré d’éducateur physique spécificité karaté à Paris. Durant l’examen, il constate que l’examinateur principal avait lu son ouvrage et qu’il avait cherché à le mettre en pratique. Ce fut pour lui une cession d’examen surprenante et aussi réconfortante.
En 1980, il fait la connaissance de Me H. Tsuchiya au Japon, maître de karaté et chercheur en histoire du karaté. Il communique intimement avec lui sur l’histoire du karaté d’Okinawa et reçoit des informations importantes. Il apprend avec lui quelques katas classiques d’Okinawa.
Cette même année, il apprend pour la première fois le tai-chi-chuan de l’école Yang de 24 mouvements à Tokyo sous la direction de Me Yo Meiji (†).
En 1981, Kenji Tokitsu fait la connaissance à Paris de Me K. Nishino qui lui enseigne le xingi chuan et le bagua chuan.
Puis à partir de 1982, et durant les quatre années suivantes, il séjourne régulièrement au Japon pour travailler sous la direction de K. Nishino sa méthode de respiration (une forme du qi gong) et les arts martiaux « internes » : xingyi-chuan et bagua chuan. K. Nishino était l’élève de K. Sawai (†), fondateur du taîki-ken. Kenji Tokitsu apprend par K. Nishino l’exercice du taîki-ken, entre autre le ritsu zen, et durant les six années qui vont suivre, il s’investit dans la pratique de la méthode de respiration et le taiki ken.
Parallèlement, il fait la connaissance de Me R. Matsuda, précurseur des arts martiaux chinois au Japon. Il reçoit de lui l’enseignement du taichi Chen et plus tard le baji chuan.
Cette année-là, il obtient à la Sorbonne le doctorat de 3ème cycle en sociologie : “Etude sur le rôle et les transformations de la culture traditionnelle dans la Société contemporaine Japonaise”, avec « mention très bien » (Directeur de thèse M. Georges Balandier, Université Paris V).
En 1983, Kenji Tokitsu obtient le 6ème dan Karaté Shôtôkan par Me. Shinkin Guima (Tokyo, Japon).
Il fonde alors à Paris l’école Shaolin-mon Karaté-dô, en faisant la synthèse de ce qu’il avait appris jusqu’alors et ce qu’il était en train d’approfondir.
En 1984, il obtient un crédit de recherche du Ministère de la Jeunesse et des Sports et du Ministère de la Recherche en France. Il effectue alors trois mois de recherche lors d’un voyage au Japon afin de rencontrer plusieurs maîtres qui lui permirent d’ assembler divers documents en vue d’ éclairer l’histoire du karaté et de comparer les méthodes historiques avec les contemporaines. Après son voyage de recherche, il présente son « Rapport de recherche: M.I.R. » “L’histoire du karaté” Paris. éd. S.E.M. Janvier, sera publier 10 ans plus tard en 1994.
En 1988, Kenji Tokitsu publie “Méthode des Arts Martiaux à mains nues” Paris. éd. Robert Laffont. Jean Pierre Charbonneau, Député du Québec à cette époque, ayant lu ce livre une année après, le contacte par une longue lettre personnelle. Ce fut le premier contact avec un québécois.
L’année suivante, il obtient son 7ème dan Shaolin-mon par l’U.I.S.P. (Unione Italiana Sport Per tuti) reconnu par le Comité Olympique Italien (Milan, Italie).
Il effectue également un voyage de recherche à Taiwan où il étudie le tai-chi-chuan, le xing yi-chuan et bagua chuan.
Au retour de Taiwan, il passe par le Japon où il est introduit auprès de Me T. Kuroda, l’école Kaishin ryû, qui lui enseigne le kenjutsu, le iaî et du jûjutsu. Il pratiquera l’art de l’école de Me Kuroda durant les cinq années suivantes.
Puis de retour du Japon, il fait la connaissance de Me Yu Yongnien, maître de Yi-chuan qui était lui-même élève de Wang Xhiangzhai, fondateur du Yi-chuan. Il va à Londres afin d’apprendre la base du yi-chuan. A cette occasion, Me Yu lui apprend les postures principales (ritsu zen) du yi-chuan. Kenji Tokitsu fut très étonné de la précision exigée dans la posture et constate une très grande différence avec les postures apprises précédemment. Depuis ce jour, il persévère dans l’exercice de zhuang zhan (ritsu zen).
En 1990, Kenji Tokitsu invite à Paris les Maîtres Wang Xian et Chen Zhenglei pour apprendre le taichi Chen de ce courant.
Cette année-là, il effectue son premier séjour à Pékin pour apprendre le yi-chuan. Il séjourne chez Me Yu durant dix jours. Au retour en France, il persévère dans l’exercice du zhan zhuang (ritsu zen) et élabore une forme d’exercice de combat contact, car avec l’étude du yi-chuan, il a constaté une très grande lacune dans le mode d’exercices de combat dans le karaté qu’il avait appris. Durant une douzaine d’années, Kenji Tokitsu persévèrera avec ses élèves dans la pratique quotidienne du combat parallèlement à l’exercice du zhan zhuang (ritsu zen).
En 1991, publication de “L’Art du Combat, entretiens avec Kenji Tokitsu” Paris. Ed. Trédaniel.
L’année suivante, il effectue son second voyage à Pékin pour approfondir la pratique du yi-chuan. Il reçoit l’enseignement de Me Yu et celui de Me Guo. Cette fois-ci, Me Yu lui présente plusieurs autres maîtres du Yi-chuan. Il constate qu’il y a des divergences parmi les maîtres dans leur façon de pratiquer et expliquer l’exercice.
Parallèlement, il reçoit le grade de 8ème dan Shaolin-mon par U.I.S.P. (Unione Italiana Sport Per tuti).
En 1993, il obtient le « doctorat en langues et civilisations orientales » “Miyamoto Musashi, maître de sabre japonais du XVIIe siècle – le mythe et la réalité, l’œuvre et son influence.”, « mention très honorable avec les félicitations du jury » (directeur de thèse M. Jean-Noël Robert, université Paris VII).
En 1996, Kenji Tokitsu rencontre le Dr Yayama, et constate l’efficacité et l’importance de la méthode du kikô mise au point par le Dr Yayama. Il l’étudie et l’introduit dans l’élaboration de sa méthode d’arts martiaux.
Par la suite, il l’invitera chaque année pour organiser son stage de kikô.
En 1998, il publie « Miyamoto Musashi, maître de sabre japonais du XVIIe siècle » Ed Désiris.
En 2000, Kenji Tokitsu forme l’école Jiseidô. La période du Shaolin-mon était celle de l’investigation à travers des études d’arts martiaux traditionnels partant du karaté. Ayant passé cette période de recherche, il fait une synthèse de ses recherches techniques en la fusionnant avec le kikô de la méthode Yayama. C’est ainsi qu’il forme le Jiseidô: « la voie de la pratique personnelle d’art martial par laquelle chacun se forme soi-même ». Dans le Jiseidô transparaît nettement le kikô de la méthode Yayama et le principe du yi-chuan.
En 2003, Kenji Tokitsu obtient le grade de 9ème dan par l’Association Francophone d’Art Martiaux Affinitaires et de Self-Défense de Belgique.
Puis il quitte Paris et change de domicile pour aller s’installer dans un village aux pieds des Pyrénées où il ouvre son dôjô principal de Jiseidô en 2004.
En 2016 Kenji Tokitsu est nommé 10ème dan par le comité de la WUKO
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