Les incendies font toujours rage dans la cité des Anges. Les vents devraient même s’intensifier ce mercredi 15 janvier. Mais déjà, on s’interroge dans la presse sur l’avenir de la mégalopole. Reconstruire, certes, mais où ? Comment ? Dans quelles conditions ? Avec quels moyens ?Le Devoir à Québec pose une partie du problème : « les plus aisés pensent déjà à reconstruire, mais les autres font face à des obstacles qui pourraient s’avérer insurmontables pour nombre d’entre eux. Quel promoteur ira reconstruire des logements modestes dans des quartiers qu’on sait assis sur une bombe à retardement ? Quel petit propriétaire réussira à convaincre son assureur de reconstruire à l’identique sa modeste maison là où l’on risque de ne vouloir à l’avenir que des maisons ultra-blindées contre les feux, un luxe dont il n’a évidemment pas les moyens ? Le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a eu beau annoncer des allégements réglementaires pour simplifier et accélérer la reconstruction, son État danse sur un volcan. Si les feux qui font toujours rage sont si dévastateurs, c’est qu’ils sont le fruit d’une recette météorologique parfaite, qui mijotait depuis plusieurs mois. Et le dérèglement climatique n’y est pas pour rien ».« S’interroger sur le bien-fondé de reconstruire de l’habitat dans des zones qui brûlent systématiquement… »En fait, le phénomène n’est pas nouveau, explique Paavo Monkkonen, professeur d’urbanisme à l’université de Californie, dans les colonnes de Libération à Paris : « le quartier de Malibu et ses collines brûlent régulièrement depuis une centaine d’années. La manière dont ces collines ont été urbanisées a exacerbé leur tendance aux gros incendies. Les plantes endémiques, qui forment un maquis particulièrement inflammable, le chaparral, les rendent facilement victimes des feux, cela fait longtemps. Mais la manière dont on a pu traiter ces incendies est problématique, pointe encore Paavo Monkkonen : on s’intéresse uniquement aux départs de feux, et non aux conditions qui les facilitent ».Alors que faire ? « Eh bien, répond le chercheur, s’interroger sur le bien-fondé de reconstruire de l’habitat dans des zones qui brûlent systématiquement. Encourager ce qu’on appelle le “développement intercalaire“ dans des zones moins risquées, au pied des collines. Mais, tempère-t-il, ce n’est pas comme ça que s’est conçue Los Angeles, qui regroupe plutôt des quartiers à faible densité de population ».Une ville différente ?Alors, Los Angeles sera reconstruite, peut-être différemment… « Il faudra des mois - probablement des années - avant de comprendre toute l’histoire et de mettre en place des solutions », pointe le Washington Post. Le Washington Post qui revient sur les grands incendies qui marqué l’histoire des États-Unis : en 1776 à New-York qui avait détruit un cinquième de la ville ; Chicago en 1871 qui avait dû être entièrement reconstruite ; San Francisco en 1906 lors du grand tremblement de terre. À chaque fois, souligne le journal, « ces tragédies ont contribué à façonner l’histoire des États-Unis » et « ont entraîné des changements politiques, législatifs et géographiques ».La capacité à rebondir…Avec aussi à chaque fois, un phénomène de résilience et d’entraide… C’est ce que souligne le Los Angeles Times. « La résilience est la capacité à rebondir après une catastrophe. Nos liens sociaux ne se contentent pas de nous motiver et de nous soutenir dans le long processus de rétablissement. Ils nous donnent un but pendant cette période difficile. Nous sommes programmés pour éviter le risque, mais nous sommes plus disposés à l’affronter lorsque nous aidons les autres, affirme le Los Angeles Times. Nous cessons de nous concentrer sur notre peur ou notre perte et sommes fiers d’aider la communauté. Vous pouvez le faire dès maintenant, s’exclame le quotidien californien. Cela peut être aussi simple que d’envoyer un SMS à un ami pour lui dire que vous pensez à lui. Proposez-lui un endroit où loger. Faites du bénévolat dans les centres d’évacuation. Aidez dans les refuges pour animaux. Faites un don à une banque alimentaire ou à un autre groupe de services sociaux. Aider les autres rendra l’expérience plus facile à gérer. (…) Alors que les catastrophes naturelles s’aggravent et se multiplient, nous aurons plus que jamais besoin de résilience ».D’autant, souligne encore le Los Angeles Times, que « nous devrons faire face à d’autres phénomènes météorologiques extrêmes, sans doute un tremblement de terre qui nous affectera tous. Ceux qui sont connectés les uns aux autres se rétabliront plus rapidement et auront une raison de prospérer à nouveau ».