• Afghanistan : un ministre taliban défend l’accès à l’éducation pour les femmes, avant de fuir le pays

  • Feb 6 2025
  • Durée: 4 min
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Afghanistan : un ministre taliban défend l’accès à l’éducation pour les femmes, avant de fuir le pays

  • Résumé

  • Après une tirade véhémente contre la politique menée par son gouvernement à l’encontre des filles, le vice-ministre des Affaires étrangères, Mohammad Abbas Stanikzai a quitté l’Afghanistan pour les Emirats arabes unis. Lors d’une remise de diplôme, dans une madrasa, une école coranique de la province de Khost, le ministre a eu des mots très forts, qui tranchent avec la politique menée par le gouvernement taliban dont il fait partie : « Aujourd'hui, sur une population de quarante millions d'habitants, nous commettons des injustices à l'égard de vingt millions de personnes. Nous avons privé les femmes de tous leurs droits ; elles n'ont aucun droit à l'héritage, aucun droit sur leur mari, elles sont sacrifiées dans des mariages forcés, elles ne peuvent pas aller dans les mosquées, les universités et les écoles leur sont interdites, même les écoles religieuses. Leur interdire l’éducation n’est pas en accord avec la charia. À l’époque du Prophète Mahomet, les portes du savoir étaient ouvertes aux hommes comme aux femmes, il y avait des femmes tellement remarquables que si je devais m’étendre sur leurs contributions, cela me prendrait un temps considérable ».« Interdire l’éducation aux femmes est contraire à la charia »Si sa position sur la question de l’éducation des filles est connue, qu’il l’a plusieurs fois énoncée publiquement, cette fois, Mohammed Abbas Stanikzai est allé plus loin - dans le ton et sur le fond - en remettant en question la légitimité religieuse de la politique poussée par l'Émir des talibans « Leur interdire l’éducation n’est pas en accord avec la charia. À l’époque du Prophète Mahomet, les portes du savoir étaient ouvertes aux hommes et aux femmes. Il y avait des femmes tellement remarquables que si je devais m’étendre sur leurs contributions, cela me prendrait un temps considérable. »Selon des sources anonymes citées dans les médias afghans, cette dernière réprimande publique aurait provoqué la colère de l’Émir Haibatullah Akhundzada qui aurait ordonné son arrestation. D’autant qu’au début du mois, Mohammed Abbas Stanikzai l’avait déjà irrité, quand il avait dénoncé une « déification » de l’Émir des talibans, Hibatullah Akhundzada,S’il nie avoir fui à Dubaï par crainte de représailles, Mohammed Abbas Stanikzai est officiellement déclaré par le gouvernement comme étant en “arrêt maladie» pour un temps indéfini.À lire aussiAfghanistan, la longue nuit des femmesMohammad Abbas Stanikzai remet clairement en question la légitimité de la politique qui est menée contre les femmes d’un point de vue religieux. Il s’adresse aussi directement à l’Émir pour lui suggérer de changer d’approche.Tout ça aurait provoqué la colère du chef suprême des talibans, qui aurait ordonné son arrestation.Le principal intéressé nie avoir fui par crainte de représailles. Le gouvernement, dit qu’il est en « arrêt maladie » aux Émirats… En tout cas, il a quitté l’Afghanistan pour Dubaï, et on a du mal à ne pas analyser cette affaire comme révélatrice des tensions au sein du mouvement taliban.Le mouvement taliban diviséCette affaire est en tout cas révélatrice des lignes de fracture au sein du gouvernement islamiste. Comme l’expliquait l’expliquait sur RFI Jean-François Cautain, ex-ambassadeur et longtemps chargé de la coopération de l’UE en Afghanistan, sous ses airs d’unité, le mouvement Talibans serait en réalité scindé en deux.D’un côté, le camp extrêmement rigoriste, représenté par l’Émir qui vit reclus à Kandahar, deuxième ville du pays et berceau historique du mouvement fondamentaliste. De l’autre, le camp plus « modéré » des Talibans, majoritaire à Kabul, la capitale, où siège le gouvernement et où les mots de Mohammed Abbas Stanikzai raisonnent davantage au sein de l’opinion.La question du droit des femmes est, historiquement, l’un des marqueurs de cette division. Et Mohammed Abbas Stanikzai en est une incarnation. Dans un reportage de 1996 diffusé par la chaîne américaine CNN, on le voit âgé d’une trentaine d’années, s’exprimer sur la question. Tout juste nommé (déjà !) vice-ministre des Affaires étrangères dans le tout naissant premier Émirat ilamique d’Afghanistan, il répond à la journaliste américaine Christiane Amanpour, un mois après la prise de Kabul par les Talibans : « Je sais que dans les médias occidentaux, la propagande raconte que nous sommes contre l’éducation des femmes. C’est faux. Ce n’est pas correct. Simplement, pour l’instant, elles ne peuvent pas se rendre au bureau ou à l’école tant que nous n’avons pas trouvé une solution pour qu’elles puissent travailler et étudier dans des espaces séparés des hommes. »Force est de constater, que hier comme aujourd’hui, ce n’est pas l’approche de Mohammed Abbas Stanikzai qui l’a emporté : ...
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