Il y a de la friture sur la ligne entre Nissan et Honda. Les deux constructeurs automobiles japonais avaient fait parler d'eux à la fin décembre en annonçant en grande pompe leur fusion. Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts puisque le projet patine et pourrait même ne pas voir le jour. Décryptage.
L’ambition était grande: que Nissan et Honda soient des acteurs solides face à la concurrence chinoise sur la voiture électrique. Il était même question que Mitsubishi, détenu à un peu moins de 25 % par Nissan fasse partie de l'accord. Un joli projet puisque sur le papier, cette holding aurait été l'une des plus puissantes du secteur en étant le troisième constructeur mondial de voitures. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu.
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À la fin janvier 2025, Mitsubishi est sorti du jeu. Le constructeur s'est désengagé du projet par peur d'être noyé dans cette gigantesque manœuvre. Un désengagement aussi parce que les négociations entre Honda et Nissan étaient très difficiles. Si les sourires et les poignées de main étaient de rigueur le 23 décembre 2024 lors de l'annonce de la fusion, l'heure est maintenant aux grimaces. Les deux parties ne semblent plus être sur la même longueur d'ondes.
De sérieux désaccords Si Honda et Nissan vendent un nombre assez similaire de voitures au Japon, leur capitalisation à la bourse de Tokyo est bien différente. Honda y pèse à peu près 50 milliards de dollars tandis que Nissan seulement 11 milliards. Les deux groupes ne discutent pas vraiment d'égal à égal, l'équilibre des pouvoirs est faussé.
Résultat, Honda a très vite pris l'ascendant dans les négociations. Étant donné son poids, on peut le comprendre, d'autant que Nissan rencontre de sérieuses difficultés financières.
Mais le week-end dernier, Honda a durci le ton en envisageant d’acquérir les actions de Nissan et le transformer en simple filiale, ce qui signifie en prendre le contrôle. Un projet qui n'est pas passé auprès des négociateurs de Nissan.
Rester bons amis Si Nissan devient une filiale d'Honda, cela voudrait dire qu'il serait en quelque sorte invisibilisé derrière sa maison mère. Or, Nissan reste un symbole de l'automobile japonais. Deuxième argument, le plus important, c'est que Nissan est détenu à hauteur de 35,7 % par le groupe Renault. Qu'il s'agisse d'une fusion ou d'une filiation, il aurait gagné des liquidités. Mais d'après plusieurs sources, Honda a fait une proposition au rabais et Renault via Nissan a dit non. Mais toutes les parties l'ont affirmé hier, les négociations se poursuivent, avec promettent-elles des annonces à la mi-février.
En tout cas si ce mariage de raison semble mal embarqué, les fiançailles sont un fiasco. Honda et Nissan, bien que concurrents, doivent continuer de discuter et de travailler ensemble. Il y a pratiquement un an d'ailleurs, en mars 2024, ils ont signé un partenariat dans les domaines de la voiture électrique et de l'intelligence artificielle car ils le savent, c'est sur ce créneau qu'ils devront être compétitifs à l'avenir. Quoiqu'il en soit, si la fusion des deux ne se fait pas, ils ont tout intérêt à rester de bons amis cordiaux !
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