Épisodes

  • Russie: jusqu'à quand les hydrocarbures vont tenir à flot la croissance du pays
    Feb 7 2025
    Les chiffres de la croissance pour 2024 sont publiés ce vendredi. L'occasion de nous intéresser à ce qui fait respirer cette économie russe, à savoir les hydrocarbures, puisque le pétrole et le gaz sont les deux poumons du pays. Décryptage. La Russie fait partie des trois principaux producteurs de pétrole au monde avec l'Arabie Saoudite et les Etats-Unis. Les hydrocarbures sont donc essentiels à son économie. En valeur, ils représentent pratiquement la moitié de ses exportations. Preuve de leur importance: en 2021, avant l'invasion de l'Ukraine et les sanctions occidentales donc, ils représentaient 46% du budget russe. C'est donc un apport de devises très important pour Moscou. Pour autant, les sanctions occidentales n’ont pas eu d’impact aussi fort sur l’économie russe que l’auraient espéré les pays occidentaux. Les exportations d'hydrocarbures russes ont tendance à légèrement diminuer mais c'est vraisemblablement lié à la baisse d'achat de charbon. En revanche, le pétrole et le gaz en volume restent stables. Des sanctions pas assez fortes On peut voir deux raisons à la stabilité des exportations de pétrole et de gaz. D’une part, les sanctions occidentales ne sont pas assez fortes pour toucher le cœur du système russe. Et si elles ne sont pas assez mordantes, c'est surtout pour éviter de déstabiliser les marchés occidentaux. D’autre part, la Russie a réorienté ses exportations. Fini l'Ouest et les Occidentaux. Maintenant, direction l'Asie avec surtout l'Inde et la Chine qui sont deux grands clients de Moscou. Petite subtilité, la Russie a augmenté ses taxes sur les exportations pour compenser les pertes occidentales. Pourtant les économies occidentales semblent s'être habituées à vivre avec moins d'hydrocarbures russes et à long terme, ça aura des conséquences sur la Russie. À lire aussiFaible croissance, hausse des prix, la Russie face au risque de stagflationPoint de bascule Ces sanctions commencent à avoir un impact notamment sur le pétrole. S'il y a un prix maximal de 60 dollars imposé par les Occidentaux pour l'achat de barils, les Russes réussissent à contourner la mesure avec leur flotte fantôme. Il s'agit là de vieux cargos clandestins pleins de pétrole qui font le tour du monde pour trouver preneurs. Ça, ça compte, puisque d'après l'école d'économie de Kiev, près de 90 % du brut russe se négocie au-dessus de ce plafond, ce qui représente une marge de 10 milliards de dollars par an.À lire aussiSécurité maritime: pourquoi la «flotte fantôme» russe échappe-t-elle à tout contrôle? Les hydrocarbures russes ont, pour le moment, de beaux jours devant eux. Mais c'est sans compter sur Donald Trump. Le président américain entend bien mettre la pression sur Moscou. Il compte tout simplement utiliser ces hydrocarbures comme arme géopolitique. Sa solution : demander aux pays exportateurs de pétrole comme l'Arabie saoudite de produire plus, ce qui engendrera mécaniquement une baisse des prix. Et donc pour que la Russie continue de vendre, elle devra, elle aussi, baisser ses prix pour être compétitive. L'idée fait son chemin car elle pourrait frapper très fortement Moscou au portefeuille puisque la Russie ne peut pas se passer de ses exportations pour soutenir son économie. Le tout dans un contexte de surchauffe de son économie de guerre. La croissance portée par les dépenses dans l'armement se tarit de plus en plus. Cela veut dire que si cet autre pilier de l'économie russe est vacillant sur le long terme, en plus d'une baisse du prix du pétrole, ça va compliquer les affaires de Moscou. L'industrie militaire deviendrait alors investissement peu rentable. Car finalement, produire un char qui se fera détruire en Ukraine n'a pas la même valeur qu'exporter plusieurs millions de barils de pétrole par jour !
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  • Pourquoi les négociations sur la fusion d'Honda et Nissan patinent
    Feb 6 2025

    Il y a de la friture sur la ligne entre Nissan et Honda. Les deux constructeurs automobiles japonais avaient fait parler d'eux à la fin décembre en annonçant en grande pompe leur fusion. Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts puisque le projet patine et pourrait même ne pas voir le jour. Décryptage.

    L’ambition était grande: que Nissan et Honda soient des acteurs solides face à la concurrence chinoise sur la voiture électrique. Il était même question que Mitsubishi, détenu à un peu moins de 25 % par Nissan fasse partie de l'accord. Un joli projet puisque sur le papier, cette holding aurait été l'une des plus puissantes du secteur en étant le troisième constructeur mondial de voitures. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu.

    À lire aussiAutomobile: Honda et Nissan ouvrent des négociations en vue d'une éventuelle fusion

    À la fin janvier 2025, Mitsubishi est sorti du jeu. Le constructeur s'est désengagé du projet par peur d'être noyé dans cette gigantesque manœuvre. Un désengagement aussi parce que les négociations entre Honda et Nissan étaient très difficiles. Si les sourires et les poignées de main étaient de rigueur le 23 décembre 2024 lors de l'annonce de la fusion, l'heure est maintenant aux grimaces. Les deux parties ne semblent plus être sur la même longueur d'ondes.

    De sérieux désaccords

    Si Honda et Nissan vendent un nombre assez similaire de voitures au Japon, leur capitalisation à la bourse de Tokyo est bien différente. Honda y pèse à peu près 50 milliards de dollars tandis que Nissan seulement 11 milliards. Les deux groupes ne discutent pas vraiment d'égal à égal, l'équilibre des pouvoirs est faussé.

    Résultat, Honda a très vite pris l'ascendant dans les négociations. Étant donné son poids, on peut le comprendre, d'autant que Nissan rencontre de sérieuses difficultés financières.

    Mais le week-end dernier, Honda a durci le ton en envisageant d’acquérir les actions de Nissan et le transformer en simple filiale, ce qui signifie en prendre le contrôle. Un projet qui n'est pas passé auprès des négociateurs de Nissan.

    Rester bons amis

    Si Nissan devient une filiale d'Honda, cela voudrait dire qu'il serait en quelque sorte invisibilisé derrière sa maison mère. Or, Nissan reste un symbole de l'automobile japonais. Deuxième argument, le plus important, c'est que Nissan est détenu à hauteur de 35,7 % par le groupe Renault. Qu'il s'agisse d'une fusion ou d'une filiation, il aurait gagné des liquidités. Mais d'après plusieurs sources, Honda a fait une proposition au rabais et Renault via Nissan a dit non. Mais toutes les parties l'ont affirmé hier, les négociations se poursuivent, avec promettent-elles des annonces à la mi-février.

    En tout cas si ce mariage de raison semble mal embarqué, les fiançailles sont un fiasco. Honda et Nissan, bien que concurrents, doivent continuer de discuter et de travailler ensemble. Il y a pratiquement un an d'ailleurs, en mars 2024, ils ont signé un partenariat dans les domaines de la voiture électrique et de l'intelligence artificielle car ils le savent, c'est sur ce créneau qu'ils devront être compétitifs à l'avenir. Quoiqu'il en soit, si la fusion des deux ne se fait pas, ils ont tout intérêt à rester de bons amis cordiaux !

    À lire aussiHonda, Nissan et Mitshubishi Motors signent un «partenariat stratégique» dans l'électrique

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  • La Chine sur une ligne de crête face à la politique douanière de Donald Trump
    Feb 5 2025
    La guerre commerciale est bien ouverte entre les États-Unis et la Chine. Pékin, visé depuis hier, mardi 4 février, par 10 % de droits de douane supplémentaires par Washington, a immédiatement répliqué, mais pas frontalement. Quelle stratégie compte adopter la Chine ? Décryptage. Nouvelle échéance dans la guerre commerciale sino-américaine, le 10 février, date à partir de laquelle la Chine compte imposer des droits de douane à son tour à l'encontre des États-Unis. Mais pas sur toutes les importations. Il s'agit là de taxer l'équivalent d'environ 14 milliards de dollars de produits américains. En 2023, cela représentait moins de 10 % des biens importés des États-Unis. La raison, notamment, c'est que la Chine exporte trois plus de biens vers le sol américain qu'elle n'en achète, ce qui signifie qu'elle a forcément moins de biens à taxer. On est donc loin des mesures prises par Washington sur l'ensemble des produits chinois. À lire aussiLa lutte contre le fentanyl justifie les taxes américaines contre la ChineUne telle stratégie permet à Pékin de se montrer à la manœuvre, d'être dans le jeu, mais en le faisant subtilement. L'objectif, c'est que sa réaction ne soit pas perçue comme une invitation à de nouvelles représailles ou une escalade supplémentaire dans la guerre commerciale sino-américaine. Voilà pour l'image renvoyée, mais dans les faits, les autorités chinoises marchent sur des œufs. Elles ne peuvent pas répondre aussi frontalement qu'attaque Donald Trump, cela parce que la Chine a besoin des États-Unis pour faire tourner son économie. L'an passé, les exportations à destination du sol américain représentaient 525 milliards de dollars, l'économie chinoise est ainsi vulnérable car dépendante des exportations. Le pays fait aussi face en interne à un ralentissement de la croissance et traverse une crise immobilière. Marge de manœuvre très étroite Si l’on s’en tient aux indicateurs économiques, Pékin ne semble pas en position de force face à Washington. D'ailleurs, ça, Donald Trump doit bien l'avoir en tête lorsqu'il met en place ses différentes mesures. Pourtant, il y a une fenêtre de tir pour négocier. Alors oui, la marge de manœuvre est réduite, mais c'est envisageable. Comme à son habitude, le président américain met la pression sur ses interlocuteurs et les menace pour essayer d'obtenir quelque chose en échange. Xi Jinping joue donc la montre. Il était question d'un échange téléphonique avec Donald Trump cette nuit. Finalement, le combiné n'a pas sonné alors que le locataire de la Maison Blanche affirmait que c'était prévu, preuve que la Chine a encore la capacité de faire face ! Comment faire face ? Il reste cinq jours avant l’entrée en vigueur des mesures chinoises. Cinq jours pour discuter, négocier et arracher un accord. Pékin peut s'appuyer sur ce qu'il vient de se passer avec le Mexique et le Canada, à savoir la suspension de droits de douane quelques heures avant leur application. L'économie chinoise a aussi pris les devants ces dernières années en diversifiant ses partenariats au cas où Washington prendrait des sanctions à son égard. Ça aussi, ça compte. À lire aussiDroits de douane contre le Mexique et le Canada: les raisons du renoncement de Donald TrumpMais face aux États-Unis et malgré une apparence sereine, Pékin est sur un fil. Pour tenir en équilibre, d'un côté, il faut se montrer fort. Mais de l'autre, il faut faire preuve de douceur pour éviter la chute !
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  • Droits de douane contre le Mexique et le Canada: les raisons du renoncement de Donald Trump
    Feb 4 2025

    Les États-Unis suspendent la mise en place de tarif douanier sur tout produit importé du Canada et du Mexique. Ils devaient être de 25 % et qui auraient dû entrer en vigueur ce mardi 4 février. Un accord a été trouvé et le projet a été suspendu pour au moins un mois. Une pause dans l'intérêt de tout le monde. Décryptage.

    Le Mexique, le Canada et les États-Unis ont une longue histoire commune et sont liés dans le cadre d'un accord de libre-échange. Le Mexique d’abord, ultra-dépendant des États-Unis puisque plus de 80 % de ses exportations y sont destinées. C'est aussi l'un des principaux partenaires commerciaux des États-Unis, les investissements directs étrangers d'entreprises américaines dans le pays sont estimés à 236 milliards de dollars. Le Canada aussi est très lié à son voisin du sud. Même situation que pour le Mexique, huit exportations sur dix sont à destination du sol américain. À l’inverse, le Mexique et le Canada sont d'ailleurs devenus les deux premiers partenaires commerciaux des États-Unis devant la Chine.

    Ménager le consommateur américain

    Pour comprendre pourquoi Donald Trump s'est résolu à ne pas appliquer les fameux droits de douane dont il parle depuis des mois, il faut regarder du côté américain, car ces mesures auraient pu impliquer de nombreuses conséquences dans le quotidien du consommateur américain. Donald Trump lui-même ce week-end affirmait que l'application de ces taxes douanières aurait engendré quelques perturbations économiques mais que « ça en valait la peine ». Un tel scénario aurait provoqué une hausse des prix dans toute la région et des suppressions d'emplois. Les prix des produits importés et du Canada et du Mexique auraient naturellement augmenté. Aujourd'hui donc, le prix d'un kilo de tomates, de concombres ou d'avocats du Mexique ne va pas exploser. Sur ce point-là, les Américains échappent donc à une inflation plus forte. D'après le groupe ING, les mesures du président américain se seraient traduites par une perte de 3 342 dollars pour une famille de quatre personnes. Par ailleurs, il faut aussi préciser que le Mexique et le Canada avaient de leur côté pris des mesures de rétorsion à l'encontre des États-Unis !

    À lire aussiÀ la Une: la politique du «big deal» de Trump

    L’intimidation a ses limites

    Donald Trump a donc bluffé pour parvenir à ses fins. En brandissant ces menaces de hausse des tarifs douaniers, il semblait être en position de force. En les suspendant, il a obtenu en contrepartie un déploiement de 10 000 soldats mexicains à la frontière avec les États-Unis pour enrayer le trafic de fentanyl et limiter le passage de migrants. Le Canada, lui, s'est engagé à lutter contre cet opioïde meurtrier.

    À la fin, si l’on suit le narratif proposé par Donald Trump, c’est lui qui a gagné. Pourtant, sa marge de manœuvre était très étroite. S'il avait appliqué ses mesures, il y aurait eu une hausse des prix aux États-Unis. Juste un exemple, produire une voiture aurait coûter plus cher, car beaucoup de pièces sont fabriquées au Canada ou au Mexique. La voiture aurait été vendue plus chère, encore faut-il qu'elle soit achetée. Et surtout, Wall Street a tremblé ce lundi soir. La bourse de New York a fini dans le rouge tant les investisseurs étaient inquiets. Il s'agit donc d'un sursis sur ces taxes pour les produits canadiens et mexicains, car si aucun ne semble pour le moment gagnant, personne n'est finalement perdant. Reste maintenant à savoir si ce sursis va se poursuivre pour devenir la norme ou si Donald Trump ira au bout de sa politique d'intimidation qui pourrait connaitre ses limites !

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  • La démocratie américaine à l’épreuve des «broligarques»
    Feb 3 2025
    Dans son discours d’adieu à la Maison Blanche, Joe Biden avait averti les Américains du danger qui menaçait de voir se former une « oligarchie » à la tête de l’État. Depuis son retour au pouvoir Donald Trump a confié les clés du gouvernement à une poignée de milliardaires. Qu’ont en commun Howard Lutnick, secrétaire d’État au commerce, Linda McMahon, ministre de l’Éducation, Scott Bessent, secrétaire d’État au Trésor ou encore Warren Stephens, probable futur ambassadeur américain au Royaume-Uni ? Tous sont milliardaires. Si l’on y inclut Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, à la tête d’un Département à l’efficacité gouvernementale créé de toute pièce pour lui, l’administration Trump (dont tous les membres n’ont pas encore été confirmés par le Congrès) devrait compter au moins treize milliardaires. Leur fortune cumulée dépasse 450 milliards de dollars, rivalisant avec le PIB de pays de taille moyenne. Le gouvernement Trump s’annonce comme le plus riche de toute l’Histoire.« Une oligarchie est en train de prendre forme aux États-Unis », avait prévenu Joe Biden dans un message d’adieu adressé à ses concitoyens. « Une concentration extrême des richesses et du pouvoir aux mains d'un petit groupe d'ultra riches qui menace notre démocratie tout entière ». Alors reprenons les bases, qu’est-ce qu’une oligarchie ? Le mot vient du grec « oligos » qui veut dire « petit nombre » et « archo » qui veut dire « diriger ». Il désigne une forme de gouvernement où le pouvoir est aux mains d’un petit groupe de personnes, par opposition par exemple à une monarchie où le pouvoir est aux mains d’un seul individu, comme un roi.Le règne des « broligarques »Voilà pour la définition du dictionnaire. Mais dans son acceptation moderne, le mot fait plutôt référence aux hommes d’affaires qui ont fait fortune après la chute de l’Union soviétique, quand l’État qui possédait tout s’est mis à brader son Empire. Un petit groupe d’hommes qui sans être directement aux commandes ont acquis assez de richesses et de pouvoir pour influer directement sur les prises de décision politiques et économiques du Kremlin. Trois décennies plus tard, le paysage russe a changé mais le mot est resté, désignant une nouvelle génération de riches hommes d’affaires proches de Vladimir Poutine. Au moment de l’invasion de l’Ukraine, ces oligarques ont été visés par les sanctions occidentales au même titre que les membres du gouvernement russe.Joe Biden ne faisait pas seulement allusion aux milliardaires ayant directement pris un rôle gouvernemental. Son avertissement pointait surtout les grands patrons de la tech : Jeff Bezos, le patron d’Amazon, Mark Zuckerberg à la tête de Meta, Sam Altman derrière la révolution ChatGPT avec OpenAI. Ceux que le public a commencé à surnommer les « broligarques » et qui se sont empressés de prêter allégeance à Donald Trump, en revenant sur leurs programmes internes de promotion de la diversité, par exemple, ou en contribuant généreusement à la cérémonie d’investiture du président américain. Bezos, Zuckerberg et Altman ont tous les trois versés un million de dollars à la fondation Trump à cette occasion.Plusieurs millions de dollars versés à Donald TrumpPour s’acheter les faveurs du président américain, Mark Zuckerberg est même allé beaucoup plus loin puisque Meta a accepté de verser 25 millions de dollars de dommages et intérêts à Donald Trump pour se faire pardonner de l'avoir banni de Facebook après l'attaque du capitole le 6 janvier 2021. Et il n’est pas le seul. Juste avant l’élection Donald Trump avait aussi porté plainte contre la chaîne CBS après une interview de Kamala Harris qui lui avait déplu. Trump réclamait un montant absurde 10 milliards de dollars.D’après le New York Times, les studios Paramount, propriétaires de la chaîne, ont décidé de ne pas aller jusqu’à un procès qu’ils étaient pourtant sûrs de gagner, préférant verser plusieurs millions de dollars à Donald Trump. Pourquoi ? Parce que Paramount vient de racheter SkyDance Media pour 8 milliards de dollars, un deal qui doit encore être approuvé par le régulateur américain.Le patron de SkyDance Media qui s’avère être le fils du multimilliardaire Larry Ellison, le patron d’Oracle et un proche de Trump. Voici donc un petit groupe d’hommes qui sans être directement aux commandes ont acquis assez de richesses et de pouvoir pour influer directement sur les prises de décision politiques et économiques de la Maison Blanche. Comme quoi il n'y a pas besoin de parler russe.
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  • La démographie ou l'enjeu économique de ces dix prochaines années
    Jan 31 2025

    On s'intéresse ce matin à une thématique qui concerne la planète toute entière : la démographie, à savoir le nombre d'individus qui composent chaque pays, et donc à la fin, le nombre de personnes sur notre planète. Le cabinet de conseils McKinsey a publié un rapport sur cette thématique ces derniers jours car c'est un sujet qu'on pourrait croire de l'ancien monde, mais il ne l'est pas. Il est pris très au sérieux par les responsables politiques du monde entier... Décryptage.

    Un exemple tout récent : c'est en France, la ministre du Travail et de la Santé entend lancer un « plan démographique pour 2050 ». L'an passé, les naissances ont légèrement diminué. En 2050, il y aura deux fois plus de personnes âgées de plus 80 ans qu'il n'y en a aujourd'hui.

    Aucun continent n'est épargné par cette dynamique

    Oui, car les Terriens et les Terriennes font moins d'enfant. Alors qu'on soit clair, au niveau mondial, il y a un ralentissement du nombre de naissances mais le solde est toujours positif. Selon le Fonds des Nations unies pour la population, le nombre de naissances par femme à l’échelle mondiale a progressivement diminué au cours des 75 dernières années. Il était de 5 en 1950. En 2050 il devrait atteindre 2,1. L'enjeu est de taille pour la croissance mondiale !

    Quel rapport entre démographie et économie ?

    Si l'on fait moins d'enfants et qu'en parallèle, la population vieillit, ce qui est le cas dans beaucoup de pays développés, cela va avoir des conséquences concrètes. Mécaniquement, ça va entrainer une baisse de la proportion de personnes en âge de travailler. Résultat : la production de richesse et les recettes fiscales vont diminuer. Et comme c'est un vase communicant, qui dit personnes âgées, dit coût lié au vieillissement en raison par exemple des retraites à payer ou des soins de santé à prodiguer. Un coût visible dans les comptes publics des États. D'après l'agence de notation S&P, les déficits budgétaires pourraient exploser d'ici 2060, passant d'une moyenne de 2,4% du PIB mondial aujourd'hui à 9,1%.

    À lire aussiVieillissement démographique en Europe: la population active pourrait chuter d'un cinquième d'ici 2050

    Quelles solutions à apporter à cette dynamique ?

    Le nombre de politiques pro-natalistes un peu partout dans le monde prouve qu'il n'y a pas de solution miracle. Juste un exemple, peu connu : en Finlande, la deuxième plus petite ville du pays offrait 1000 euros par mois à un foyer pendant 10 ans à chaque nouveau-né à condition de rester y vivre. C'est un échec, la population de la ville a diminué de 20%. En fait, faire des enfants, c'est une chose, mais il faut que le reste suive, à savoir les politiques de soutien à la famille, les services de garde d'enfants, d'éveil, d'enseignement... Le tout sans mettre une pression sociale aux couples, mais aussi et surtout aux femmes. Et si d'aventure la dynamique changeait aujourd'hui, on ne verrait ses effets que d'ici 20 ans.

    À écouter aussiBaisse de la natalité: le monde de demain se fera-t-il sans enfants?

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  • Comment la Syrie peut-elle rebâtir son économie?
    Jan 30 2025

    Les sanctions à l'encontre de la Syrie s'allègent peu à peu. Dernière en date, la décision de l'Union européenne d'appliquer une feuille de route en ce sens. Car l'économie de la Syrie est en ruines mais elle a les capacités de se reconstruire. Décryptage.

    Tous les indicateurs économiques de la Syrie sont dans le rouge. Le principal, le PIB, le produit intérieur brut, est historiquement bas. D'après la Banque mondiale, entre 2010 et 2021, il a chuté de 54%. L'autre marqueur de la situation économique désastreuse, c'est l'inflation. Depuis le début de la guerre, les prix n'ont jamais cessé d'augmenter, de plus de 5500%. Concrètement, ce qui coûtait une livre syrienne en 2011 en valait 5500 en 2022.

    Cette tendance implique un taux de pauvreté important puisque pratiquement 7 syriens sur 10 vivent sous le seuil de pauvreté. Cette statistique classe la Syrie parmi les pays où l'insécurité alimentaire est la plus élevée au monde d'après l'ONU car tout manque sur place. Et si pour beaucoup de Syriens, l'arrivée d'un nouveau visage à la tête du pays est synonyme de changement, pour l'heure, et ce ne sont que deux exemples, les fonctionnaires ne sont pas payés et l'électricité n'est accessible que quelques heures par jour.

    Différents leviers

    L’économie syrienne peut, dans un premier temps, trouver son salut dans les forces de son économie syrienne d'avant-guerre. Le pétrole, d'abord. Dans les années 2000, le pays tirait principalement ses revenus de la production pétrolière. Elle est aujourd'hui en déliquescence totale, puisque selon l'administration américaine de l'information sur l'énergie, le nombre de barils produits par jour est passé de 380 000 en 2010 à 90 000 l'an passé. Dans un second temps, on notera aussi l'agriculture, secteur aussi à la peine puisque le conflit a endommagé les infrastructures et les systèmes d'irrigation. D'ailleurs cela a un impact sur la sécurité alimentaire du pays. Sans être exhaustif on retiendra aussi le textile, mais là aussi, les manufactures de coton ont largement été détruites ces 13 dernières années.

    Alléger voire supprimer les sanctions occidentales

    La situation du pays s'explique en partie aussi par les sanctions imposées par les pays occidentaux puisqu'elles limitaient et les importations, et les exportations. Résultat : au moins six millions de personnes ont fui le pays. Reconstruire la Syrie, ça va prendre du temps et ça va coûter beaucoup d'argent, la Ligue arabe parlait en 2021 de 900 milliards de dollars. Mais cette reconstruction passera par un allègement voire par la levée des sanctions avec les ressources naturelles disponibles comme le pétrole qui est une devise forte.

    Le pays devrait aussi compter sur ses ressources humaines, à savoir les Syriennes et les Syriens. En recréant des emplois pour reconstruire la Syrie, ils pourraient être finalement des pierres angulaires à cette renaissance de l'économie syrienne !

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  • L'industrie du luxe à un tournant de son histoire
    Jan 29 2025

    Le secteur du luxe est à la peine. Le groupe LVMH, fleuron tricolore du secteur, a publié ses résultats de 2024 ce mardi et ils sont mauvais. Les bénéfices du géant du luxe ont nettement chuté : -17%. Illustration bien concrète d'un secteur en pleine métamorphose. Décryptage.

    Pour reprendre le vocabulaire du luxe, la tendance n'est plus au vert, mais plutôt au rouge ces dernières années ! L'an passé, la consommation de produits de luxe a clairement ralenti, à tel point qu'elle s'est contractée de 2%. D'après le cabinet Bain and Company, entre 2022 et 2024, ce sont 50 millions de consommateurs habitués aux articles de luxe qui ont renoncé à ce type d’achat. Baisse de la demande qui se ressent sur le marché, on le constate avec les résultats de LVMH, mais il y a tout de même du positif. Les ventes pour l'année dernière se sont stabilisées à environ 363 milliards de dollars.

    Des consommateurs absents...

    Plusieurs raisons pour expliquer cette situation d'un secteur qu'on pourrait imaginer intouchable. D'abord, la clientèle n'a pas répondu autant présente qu'avant, notamment la clientèle chinoise, puisque ce marché représentait l'année dernière 22% des ventes de produits de luxe. Le pays n'est donc plus le moteur de la croissance du secteur et ça se ressent. On notera aussi que le marché américain est suspendu aux décisions sur les droits de douane envisagés par Donald Trump qui, de jour en jour, deviennent de plus en plus concrets. Et puis les clients consomment différemment. Beaucoup préfèreront une croisière, un séjour dans un hôtel de luxe ou vivre une expérience plutôt qu'acheter un sac en cuir, une montre ou un tailleur haute couture.

    ... aux vendeurs qui font les mauvais choix

    De l’autre côté de la balance, les grands groupes ont continué à miser sur l'élasticité des prix. Parce qu’ils vendent de la rareté, certains se sont permis d'augmenter leurs prix, peut-être un peu trop : +54 % entre 2019 et 2024 d'après HSBC. Ce qui coûtait, imaginons, 10 000 euros en coûte aujourd'hui 15 400. Une hyperinflation qui est mal passée auprès des consommateurs, le secteur a ainsi atteint la limite d'un effet économique qui s'appelle l'« effet Veblen ». Concrètement, plus un produit est cher et plus il est demandé. Maintenant, il semblerait que ce ne soit plus le cas.

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    Différentes pistes pour le secteur

    Deux solutions s’offrent aux grands groupes. Soit, se recentrer sur l'ultra luxe avec certains produits iconiques, qui font office de référence, et continuer de s'adresser à une clientèle très fortunée. Soit, parler à une classe moyenne supérieure qui, à travers le monde, prend de plus en plus de place. D'après le cabinet Bain, ce sont plus de 300 millions de nouveaux clients potentiels de cette classe qui vont émerger d'ici à dix ans dans différentes régions du globe comme le Moyen-Orient, l'Inde, l'Asie du Sud-Est ou encore l'Afrique. Le tout évidemment en respectant des critères environnementaux et sociaux, car cet aspect devient un déclencheur d'achat important.

    Même si, pour le moment, la croissance sera lente, elle restera positive. Le cabinet McKinsey table sur une croissance annuelle estimée entre 1% et 3% jusqu'en 2027. Le temps pour les grands groupes d'ajuster leurs stratégies et de retrouver des couleurs !

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