• Chronique des médias

  • Auteur(s): RFI
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Chronique des médias

Auteur(s): RFI
  • Résumé

  • L’actu des médias, les médias dans l’actu : tel est le propos de cette chronique qui se propose de décrypter ce qui change les médias à l’ère numérique - et donc la façon dont on est informé. Les évolutions technologiques, la crise des modèles classiques, les nouveaux vecteurs d'information... Tels sont quelques-uns des éléments qui seront explorés sur la planète média. Tout en couvrant les grands événements «médias» qui touchent la France, une attention particulière sera accordée à l'actualité internationale des médias, notamment intéressant les pays du Sud. La chronique pourra revenir aussi avec un regard critique sur la façon dont les médias couvrent certains évènements et sur la façon dont les médias sont eux-mêmes transformés par une actualité qui leur est propre. En partenariat avec le magazine «Stratégies».

    France Médias Monde
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Épisodes
  • Japon: une agression sexuelle étouffée par un présentateur influent provoque un scandale national
    Jan 31 2025

    La télévision japonaise est, en ce moment, secouée par une affaire d'agression sexuelle concernant un animateur de la grande chaîne hertzienne Fuji TV.

    Fuji TV, grande chaîne privée ayant longtemps été la plus profitable des réseaux hertziens au Japon, est désormais au cœur d'un scandale d'envergure nationale depuis qu'une affaire d'agression sexuelle vise son présentateur vedette. Masahiro Nakai, âgé de 52 ans, est en effet accusé d'avoir imposé une relation sexuelle non consentie à une femme en 2023.

    L'affaire a été sortie fin décembre par un influent tabloïd qui a précisé que cet animateur, une ancienne star d'un boys band très populaire dans les années 1990, avait acheté le silence de sa victime. Il s'agit donc d'une agression sexuelle suivie d'une volonté d'étouffer l'affaire. Est-ce que cela s'est fait avec la complicité ou la cécité volontaire de la direction ? C'est toute la question. Fuji TV reconnaît avoir eu connaissance de l'affaire avant qu'elle ne soit rendue publique, mais réfute qu'un de ses employés ait organisé la soirée au cours de laquelle la star a rencontré la jeune femme.

    Une affaire qui a éclaté après de multiples pressions

    L'animateur a été retiré de l'antenne et le patron de Fuji TV ainsi que le président de sa maison mère ont démissionné lundi. Mais il a fallu pour cela qu'un fonds américain, actionnaire de la chaîne, Dalton Investment, s'émeuve de la situation. Puis, que 70 annonceurs dont Toyota ou McDonald's retirent leur publicité. Et enfin, que le cours de Bourse et l'audience reculent fortement.

    Il n'y a pas eu, au Japon, de vague MeToo et on a pu le vérifier dès le début de l'affaire qui a été qualifiée de « problème » ou « d'inconduite sexuelle » par les médias japonais. Shiori Ito, une journaliste qui a accusé un présentateur télé de l'avoir violé en 2019, a sorti un documentaire, nommé aux prochains Oscars, sur son combat. Elle a confirmé à l'AFP la réticence des médias japonais à couvrir des accusations qui mettent en cause des « personnes puissantes ».

    De nombreux précédents à travers le monde

    On se souvient, en 2013, de l'affaire Jimmy Saville, cet ancien animateur de la BBC, au Royaume-Uni, qui avait été reconnu, après sa mort, coupable de centaines d'agressions sexuelles. Au sein de la chaîne publique britannique, cela avait conduit des dirigeants à démissionner. Une affaire qui ressemble beaucoup à celle de Johnny Kitagawa. Ce fondateur d'un boys band japonais, producteur au succès immense, avait été accusé, après son décès en 2019, d'avoir violé plusieurs centaines de jeunes garçons au cours de sa carrière.

    Citons enfin, en France, l'affaire Patrick Poivre d'Arvor, le présentateur du 20 heures de la première chaîne européenne, TF1, jusqu'en 2008. Il a été mis en examen en 2023 et de nombreuses femmes l'ont accusé de viol ou d'agression sexuelle dans le cadre de son travail. Mais aucun dirigeant en place à l'époque n'a été inquiété.

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  • États-Unis: en difficulté face à Trump, CNN et le «Washington Post» entre revirements et frilosité
    Jan 24 2025

    Les médias américains CNN ou le Washington Post, considérés par Donald Trump comme des opposants, connaissent des difficultés et semblent hésiter sur la stratégie adopter ces quatre prochaines années, entre revirements et dos rond.

    Les médias américains dits « mainstream » (« de masse ») savent qu'ils appartiennent à la catégorie des « ennemis du peuple » tant décriée par Donald Trump, et qu'ils sont donc une cible possible du courroux de ses partisans. Jeudi 23 janvier, CNN a annoncé le licenciement de 6% de ses effectifs, dont une centaine de journalistes, pour réinvestir le terrain du numérique payant. Mark Thompson, le patron de CNN, en a profité pour faire part de ses nouvelles exigences : ne plus montrer de signes d'indignation lors de l'investiture, éviter l'éditorialisation et de ne plus revenir sur le passé pénal du président réélu, après sa condamnation pour avoir acheté le silence d'une actrice pornographique, entre autres.

    Un revirement pour une chaîne qui avait, en 2022, été attaquée par Trump. Le président américain lui réclamait alors 475 millions de dollars pour diffamation, car la chaîne qualifiait de « mensonge » l'idée que la victoire lui avait été volée en 2020. Le juge a rejeté cette plainte. Mais cela n'a pas empêché Trump de parler de CNN comme de la chaîne des « fake news » ou de la menacer de lui retirer, à elle comme ABC et CBS, sa licence de diffusion. ABC qui a d'ailleurs accepté de payer 15 millions de dollars pour que Trump renonce à un procès après des propos erronés d'un présentateur.

    Un revirement motivé par les succès d'audience de la chaîne rivale Fox News

    La décision de Mark Thompson de CNN a aussi été motivée par le plébiscite de sa rivale Fox News, qui accumule près des trois quarts de l'audience des chaînes d'info aux États-Unis. CNN doit contrer la chaîne ultra-conservatrice, qui a le vent en poupe grâce ses interviews de Trump ou ses infos sur son administration. Mais aussi MSNBC, qui revendique la place de l'opinion anti-Trump, au grand dam de son actionnaire, qui cherche à la vendre. Entre les deux, CNN a perdu 35% de son audience en prime time depuis l'élection, même si cette chute est aussi due à une fatigue post-électorale.

    Un positionnement frileux au Washington Post

    Le prestigieux quotidien américain, historiquement engagé en faveur des démocrates, joue la prudence, pour ne pas dire de la frilosité. Son propriétaire, Jeff Bezos, a refusé que le quotidien s'engage en faveur de Kamala Harris. Un dessin le représentant en train de tendre un sac d'argent à une statue de Trump a été censuré du journal, et son autrice a démissionné. Le milliardaire était présent le jour de l'investiture et il a fait un don d'un million de dollars pour cette cérémonie. Jeff Bezos n'entend donc pas perdre un contrat à dix milliards de dollars sur le cloud de la Défense, comme en 2019. Les scoops et les éditoriaux sur Trump du Washington Post et du New York Times ont dopé les ventes pendant le premier mandat de Trump. Comme si la presse avait compris que la révolution populiste menée Donald Trump n'était pas une parenthèse, mais une tendance de fond.

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  • Les agences de presse s'accordent avec les acteurs de l'IA
    Jan 17 2025

    Deux grandes agences internationales de presse, l’Agence France Presse et Associated Press, ont signé des accords avec des acteurs de l'intelligence artificielle. Leurs chats conversationnels pourront désormais utiliser les dépêches de l'AFP et d'AP dans leurs réponses. Pourtant, la question du droit moral des auteurs des dépêches utilisées par ces IA génératives n'est pas posée.

    Le premier accord est celui de l’AFP avec Mistral, la championne française de l’intelligence artificielle, qui va pouvoir disposer des 38 millions de dépêches de l’agence depuis 1983. Sur le papier, c’est un accord qui ne présente que des avantages. Mistral AI, fondée il y a deux ans, bénéficie de l’expertise d’une des trois grandes agences de presse mondiale, en six langues. Sa solution, le Chat, va pouvoir conforter ses réponses avec un contenu vérifié, sourcé, ce qui constitue un avantage compétitif alors que d’autres grands médias européens, comme Axel Springer, El Pais ou Le Monde ont déjà signé des accords avec ChatGPT. Mistral assurera une source de revenus dynamique pour l’AFP qui se met ainsi à l’heure de l’IA.

    Mistral, une start-up qui ressemble beaucoup à ses cousines américaines

    Mistral a renoncé à une logique d’open source pour passer un accord privé l’an dernier avec Microsoft, qui est entré dans son capital et qui est aussi actionnaire à 49% d’Open AI. Surtout, Mistral a beaucoup pesé sur le gouvernement français lors des négociations sur l’IA Act l’an dernier pour que l’innovation européenne ne soit pas freinée par le droit d’auteurs. Or les journalistes, les éditeurs, ont-ils donné leur accord pour que les dépêches soient utilisées afin de nourrir les réponses d’une solution technologique ? N’y a-t-il pas un risque de voir l’outil se substituer aux médias eux-mêmes sur ces plateformes ?

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    L'Associated Press a passé un accord avec Gemini, de Google

    Cet accord montre bien que la crédibilisation des IA génératives par des contenus d’actualité fiables est cruciale pour ces plateformes. Apple vient d’ailleurs de désinstaller son outil d’IA de résumés d’actualité après des erreurs réalisées à partir de contenus de la BBC qui s’en est plaint.

    AP, l’Associated Press, avait déjà un accord avec Open AI, sur ChatGPT, depuis 2023. Aux États-Unis, le New York Times, avec d’autres éditeurs, ont intenté un procès à cet acteur de l’IA pour violation du droit d’auteur. Il chiffre le préjudice à plusieurs milliards de dollars. C’est aussi la logique des organisations professionnelles de la presse en France qui veulent obtenir un accord collectif.

    Le risque peut être, selon certains, l’existence même de la presse et, pour une agence comme l’AFP, de dépendre de ces nouveaux revenus qui, comme le montre la décision de Meta de renoncer aufact-checking, peuvent s’arrêter du jour au lendemain.

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