Épisodes

  • La crise du marché du diamant pèse sur De Beers et sur Anglo American
    Feb 6 2025

    Les objectifs de production du diamantaire De Beers sont revus à la baisse pour 2025. Une annonce qui illustre la crise que connaît le marché du diamant, et qui pourrait faire baisser un peu plus la valeur du géant du diamant, dont Anglo American a dit vouloir se séparer.

    Les vents ne soufflent décidément pas dans la bonne direction pour De Beers. Anglo American a déprécié sa valeur de 1,6 milliard de dollars il y a un an. Le groupe annonce maintenant une baisse de la production de sa filiale pour 2025 : 20 millions de carats contre 33 millions initialement projetés. Cette annonce n’envoie pas un bon signal quant à la valeur de De Beers, même si elle s’explique facilement : la baisse des ventes ces derniers mois a fait grossir les stocks du géant du diamant qui sont évalués à 2 milliards de dollars. Au vu de l’état de la demande, personne n’est donc finalement très surpris qu’Anglo American ait décidé de ne pas creuser plus qu’il ne fallait.

    À lire aussiAnglo American veut recentrer son activité sur le cuivre et le minerai de fer

    Le très haut de gamme se maintient

    La consommation est certes en train de remonter pour certaines catégories de diamant, notamment les plus grosses pierres, au-dessus de deux carats. Une remontée constatée aux États-Unis surtout et aussi en Inde, devenue le deuxième pays de consommation. Mais la perte de vitesse du marché chinois, rétrogradé au troisième rang des acheteurs, est préoccupante pour l’industrie. D’autant que rien n’indique que la Chine reviendra rapidement à ses niveaux d’achats d’avant pandémie, précise un expert de la filière.

    Le ralentissement chinois, ajouté à l’essor des diamants synthétiques, a alimenté la baisse des prix : les diamants bruts naturels ont chuté de 25 % sur les deux dernières années, et les pierres polies, elles, d’environ 25 à 30 %.

    Un poids pour Anglo American

    La morosité du secteur risque de compliquer les projets d’Anglo American qui disait vouloir se séparer de sa filiale diamant d'ici à la fin de l’année et qui sera peut-être amené à revoir son calendrier, pour ne pas vendre De Beers au rabais.

    La prochaine publication des résultats d’Anglo American dira de combien ont baissé les résultats du géant du diamant en 2024 et à combien est aujourd’hui évaluée l’entreprise. Les paris sont déjà ouverts chez les industriels.

    À lire aussiLe deuxième plus gros diamant au monde découvert au Botswana

    Voir plus Voir moins
    2 min
  • La baisse des cours du riz ralentit considérablement les achats
    Feb 5 2025

    L’Inde est revenue sur le marché du riz, depuis mi-octobre, après des mois de restrictions à l’exportation. Cela s’est traduit par une baisse des prix, qui n’est probablement pas terminée. C’est en tout cas le pari des importateurs qui reculent leurs achats en ce début d’année, en espérant demain payer moins cher leurs sacs de riz.

    Les importateurs peuvent dormir tranquilles, il y aura du riz en abondance cette année et, sauf accident climatique majeur, du riz à bon prix. Ce prix est très fortement lié à la promesse de voir l’Inde revenir à ses niveaux d’exportations historiques de 2022.

    Dès l’annonce mi-octobre de l’assouplissement des mesures d’exportation pour le riz indien, la baisse des prix a débuté. Ce mois de janvier, la tendance s’est amplifiée. « C'est l’hécatombe », dit même un de nos interlocuteurs. L’hécatombe pour ceux qui vendent, mais plutôt une bonne nouvelle en revanche pour les consommateurs.

    La baisse est variable selon les origines, -15 % pour le riz vietnamien, -7 % pour le thaïlandais, -3 % pour le riz indien, elle est en moyenne, pour ce premier mois de l’année, de 7 %. Une telle variation mensuelle ne s’était pas produite depuis juillet 2021.

    À lire aussiLe retour de l'Inde sur le marché du riz fait chuter les prix

    Les prix de tous les types de riz ont baissé

    Depuis mi-octobre, les prix du riz blanc ont baissé d’un peu plus de 50 dollars la tonne et ceux du riz étuvé de 100 dollars la tonne. Les prix ne sont visiblement pas encore stabilisés, ce qui conforte les importateurs dans leur position attentiste, explique Patricio Mendez del Villar, économiste au Cirad, le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement, et éditeur de la note de conjoncture Osiriz.

    Les pays africains, qui ont relancé leurs achats dès que l’Inde est revenue massivement dans le jeu, ont mis le pied sur le frein dans l’espoir de voir les prix encore diminuer. La demande indonésienne est aussi en chute. Le pays pourrait n’importer qu’un million de tonnes cette année, contre plus de quatre l’année dernière. Les Philippines auront besoin d’acheter du riz dans les prochains mois, probablement autant qu’en 2024, mais le pays ne se précipite pas encore pour passer commande.

    Un marché bien approvisionné en 2025

    « Tous les importateurs savent que l’offre globale en riz sera bonne, même si les origines changent », explique Patricio Mendez del Villar. Il y aura cette année sur le marché plus de riz indien — l’Inde prévoit d’exporter 22 millions de tonnes, soit 5 millions de tonnes de plus que l’année dernière — et moins de riz du Vietnam et de Thaïlande.

    Les deux pays ont profité du creux des exports indiens et ont connu une année 2024 en or. Les volumes qu’ils n’exporteront pas en 2025 seront stockés et participeront au maintien des prix bas. Les importateurs le savent et n’ont aucune raison de se précipiter. D’autant que sur le continent africain, l’approvisionnement est aussi assuré à cette période de l’année par le riz local.

    À écouter dans Un jour au villageAu Sénégal, du riz fortifié pour les cantines scolaires en milieu rural

    Voir plus Voir moins
    2 min
  • Le marché du coton sous l'influence des États-Unis et de la Chine
    Feb 4 2025

    La Chine, premier importateur mondial de coton, se fournit majoritairement aux États-Unis. Mais les tensions entre les deux pays pourraient rebattre les cartes et impacter les cours mondiaux.

    La Chine aura-t-elle encore une raison demain d'acheter du coton américain si la guerre commerciale fait rage avec les États-Unis ? La question est posée par Mambo Commodities, un négociant en coton, dans sa dernière note de marché datée du 3 février. Si l'empire du Milieu ne peut guère se reporter sur le coton du Xinjiang pour fabriquer fils et textiles destinés à l'Occident — l'origine est entachée de soupçons de travail forcé —, le pays a un autre fournisseur de choix, qui fait partie comme lui des Brics : le Brésil.

    Si la Chine achète moins de coton américain, l'impact ira bien au-delà des tensions bilatérales : le marché du coton a une référence, et une seule, le prix du coton américain. Or, si les États-Unis voient leurs exportations baisser, leur coton verra son prix aussi tiré vers le bas et entraînera dans sa chute tous les autres cotons du monde, qu'ils soient brésiliens, africains ou australiens.

    À lire aussiLe marché du coton entre forte volatilité et manque de visibilité

    Quelle surface cette année aux États-Unis ?

    Au cours actuel qui tourne autour de 66 cens la livre, le coton n'est déjà pas rémunérateur, à part peut-être seulement pour les Brésiliens qui ont des coûts de production très faibles. Par peur de voir les cours baisser un peu plus, les fermiers américains pourraient réagir et décider de planter moins cette année, au profit d'une autre culture.

    Les premières estimations des surfaces emblavées aux États-Unis seront connues fin février et donneront une idée de l'inquiétude qui règne dans les champs, outre-Atlantique.

    À lire aussiLes défis du coton africain face à l'explosion de la production brésilienne

    Des cours difficilement tenables en Afrique

    Les guerres tarifaires pourraient aggraver la « déprime » sur le marché du coton, selon les experts en matières premières du Cercle Cyclope, un marché déjà miné par une demande en déclin et l'explosion de la production au Brésil devenu le premier exportateur mondial, qui ambitionne de produire cette année 5 millions de tonnes de fibres de coton.

    Une nouvelle baisse des cours serait intenable pour les sociétés cotonnières africaines : elles achètent cette année le coton graine, qu'elles transforment en fibre, à un prix trop élevé par rapport au cours mondial de l'or blanc qui a perdu un tiers de sa valeur en un an. Le coton ouest-africain se vend, mais à un rythme toujours ralenti, qui pâtit aussi de la mauvaise santé économique de plusieurs filatures du Bangladesh, minées par les dettes.

    À lire aussiUne campagne difficile pour le coton africain plombé par ses coûts de revient

    Voir plus Voir moins
    2 min
  • Pression européenne de plus en plus forte contre les engrais russe
    Feb 3 2025

    La Commission européenne étudie la mise en place de sanctions sur les engrais azotés russes. Une proposition de texte a été publiée le 28 janvier, et doit être maintenant examinée par le Parlement européen. C'est un exercice d'équilibriste pour l'Europe, tiraillée entre la pression exercée par les fabricants d'engrais qui réclament plus de tarifs douaniers et les agriculteurs qui eux profitent des prix bas proposés par la Russie.

    Les nouvelles sanctions européennes sur les engrais russes et biélorusses prévoient une augmentation graduelle des tarifs douaniers pour arriver, au bout de trois ans, à des taxes supérieures à 50%. Ce projet, qui doit encore être voté par le Parlement européen, a pour objectif de réduire la dépendance à la Russie dans le domaine vital de la sécurité alimentaire.

    Depuis le début de la guerre en Ukraine, les exportations russes d'Urée, de NPK ou de DAP vers l'Union européenne ont plus que doublé. Un jour sur sept désormais, les besoins en nutriments du secteur agricole français sont fournis par la Russie, selon l'Union des industries de la fertilisation (Unifa).

    Des coûts de production russes « imbattables »

    Pour les agriculteurs qui sont soumis aux cours du marché mondial pour vendre leurs grains, les prix pratiqués par les exportateurs russes et biélorusses sont précieux, car ultra-compétitifs, en raison de coûts de production imbattables. « L'Europe peut se fournir ailleurs, pour l'Urée, par exemple, il y a l'Égypte ou l'Algérie, mais le prix sera toujours plus élevé qu'en Russie », explique un négociant.

    La préparation de nouvelles sanctions n'est donc pas une bonne nouvelle pour les grandes filières agricoles de pays tels que la France, l'Allemagne, ou encore les Pays-Bas. C'est sans doute pour tenter de ménager les agriculteurs que les mesures proposées sont graduelles.

    La Pologne alerte sur les risques de dépendance

    Ces sanctions répondent en revanche à une demande des fabricants européens d'engrais tels que les géants Yara, Azoty ou encore Achema, qui souffrent des prix du gaz. Ces derniers ont été contraints, ces derniers mois, de réduire leur activité, comme le rappelle Unifa. Pour le groupe de pression Fertilizers Europe, le projet européen de nouvelles taxes doit être encore plus ambitieux.

    La Pologne, qui assure la présidence du Conseil de l'UE, a clairement pris position pour la mise en place de ces tarifs douaniers supplémentaires. Elle est directement concernée et dit vouloir arrêter l'afflux de produits qui « étranglent » son industrie nationale des engrais, « menacée d'effondrement », selon le vice-ministre des finances, cité par l'agence Bloomberg.

    À lire aussiLes engrais russes bon marché mettent en difficulté les producteurs européens

    Voir plus Voir moins
    2 min
  • La Syrie peine à trouver de nouveaux fournisseurs de pétrole brut
    Feb 2 2025

    Les producteurs de pétrole ne se précipitent pas pour approvisionner la Syrie. Le premier appel d'offre publié par les nouvelles autorités n'a pas reçu de réponse. Un casse-tête pour le pays qui va devoir trouver d'autres solutions pour répondre à la demande en essence, gasoil et fuel.

    Pour ses besoins immédiats, la Syrie cherche à importer 4,2 millions de barils de pétrole brut ainsi que 100 000 tonnes de fuel et de diesel. Des volumes qu'elle va devoir se procurer auprès d'intermédiaires locaux, puisque les majors pétrolières ont boudé les derniers appels d'offres émis par Damas.

    Selon l'agence Reuters, certaines sources au sein de ces majors auraient avancé un manque de visibilité sur la levée des sanctions, notamment celles prises par l'Europe. L'Union européenne a ainsi déclaré lundi qu'une feuille de route pour alléger les sanctions contre la Syrie était prête, mais qu'elle prévoyait une approche graduelle et le maintien d'un cadre strict.

    Les majors pétrolières préfèrent attendre

    D'autres fournisseurs de pétrole auraient été dissuadés par les conditions financières : un paiement à crédit, assorti d'une obligation pour le vendeur de déposer une somme dans une banque syrienne allant de 200 à 500 000 dollars, selon les informations de Reuters. Cette « garantie de performance » permet à la Syrie de s'assurer qu'au dernier moment le pétrole qu'elle attend ne sera pas dérouté vers une autre destination.

    « La pratique est courante, explique le négociant Charles Thiémélé, directeur Afrique de la société de trading pétrolier et gazier BGN SA, et les montants demandés en dépôt n'ont rien d'exceptionnel. Ils peuvent être parfois beaucoup plus élevés dans certains pays ». Mais de fait, dans ce cas précis, la vente a été jugée trop risquée, ou assez intéressante, par les compagnies pétrolières.

    Plus aucune livraison d'Iran depuis novembre

    Ce désintérêt pourrait mettre en difficulté la Syrie, et compromettre sa volonté de redresser son tissu économique. Les besoins du pays en produits raffinés sont évalués entre 100 000 et 200 000 barils jour. Ils étaient largement couverts avant la guerre par une production de 400 000 barils jours de brut. Mais depuis le début du conflit en 2011, la production nationale s'est effondrée, et le pays est devenu dépendant de l'Iran pour son approvisionnement. Or plus aucune cargaison iranienne de brut n'est arrivée depuis novembre dernier, selon les données de suivi maritime du cabinet franco-belge Kpler.

    La Syrie doit donc à tout prix trouver de nouveaux fournisseurs. Le risque, pour le pays, est de se retrouver à sec, et de voir rapidement les prix grimper à la pompe, ce que cherche généralement à éviter un gouvernement nouvellement installé.

    À lire aussiLa Turquie propose d'aider la Syrie à reconstruire son système énergétique sur fond d'enjeux stratégiques

    Voir plus Voir moins
    2 min
  • La faible récolte française de blé peine à se vendre hors de l'UE
    Jan 30 2025

    La récolte française 2024 a été l'une des plus faibles de ces quarante dernières années. Et comme si cela ne suffisait pas, la céréale française peine à se vendre. Deux des gros acheteurs de blés de l'Hexagone, l'Algérie et la Chine, sont aux abonnés absents cette année.

    L'agenda des expéditions de blé, dans les ports français, est désespérément vide. Une preuve concrète de la lenteur avec laquelle la récolte s'exporte depuis le début de la campagne de commercialisation, en juillet dernier. Et pourtant, la France n'a cette année que 3,8 millions de tonnes à exporter, hors de l'Union européenne, soit 60 % de moins que d'ordinaire. Mais depuis juillet, le pays n'a pas réalisé la moitié de ses objectifs.

    Le premier grand absent, c'est l'Algérie, partenaire traditionnel avec lequel les relations diplomatiques sont en dents de scie. Depuis le mois d'août, à peine plus de 30 000 tonnes sont parties vers les côtes algériennes : une goutte d'eau par rapport aux 1,8 million de tonnes de l'année dernière.

    Une source du ministère français de l'Agriculture reconnaît que « l'Algérie est quasi fermée au blé français », car bien sûr le pays achète toujours des volumes de la céréale, mais il privilégie d'autres origines, telles que la Russie. « Le pays a mis un embargo sans le nommer », regrette un négociant français, qui n'arrive même plus à vendre aux algériens du blé d'une autre origine, preuve que son statut d'entreprise français est elle-même un facteur de blocage.

    Peu d'espoir de voir la Chine s'intéresser au blé français

    L'autre pays qui fait défaut, c'est la Chine, dont l'économie peine à redémarrer. Le pays n'a pas acheté un grain de blé français depuis l'ouverture de la campagne alors qu'il en avait importé 2,2 millions de tonnes l'année dernière. La maigre consolation pour les exportateurs de l'Hexagone, c'est que la Chine ne s'est pas tournée massivement vers d'autres origines, pour l'instant. Il n'est pas exclu en effet qu'elle décide de privilégier un blé de proximité, le blé australien dont la récolte touche à sa fin.

    Au-delà des freins économiques et politiques, le blé français pâtit cette année d'une moins bonne qualité qui impacte le travail des grains dans les moulins. Cela ne l'a pas empêché de se vendre au Maroc, devenu le premier client hors UE pour cette campagne, en Afrique subsaharienne ou encore en Thaïlande.

    Concurrence argentine

    Il reste aujourd'hui cinq mois à la France pour vendre un peu plus de deux millions de tonnes de blé. Certains espéraient que la baisse du quota d'exportation des grains russes sur la deuxième partie de la campagne – soit 11 millions de tonnes maximum entre le 15 février et fin juin – libèrerait des parts de marché pour la France, mais la concurrence s'annonce rude.

    « La nouvelle récolte d'Argentine est sur le marché à des prix très compétitifs, le Kazakhstan s'est aussi manifesté ces derniers jours pour annoncer une disponibilité de 4 millions de tonnes », précise Damien Vercambre du cabinet Inter-Courtage qui résume ainsi la situation : « Il y a du blé ailleurs, de bonne qualité et à des prix plus bas que le blé français ».

    À lire aussiPremier fournisseur mondial de blé, la Russie recadre ses exportations

    Voir plus Voir moins
    2 min
  • Les importations européennes de bois de bouleau russe en plein essor
    Jan 29 2025
    Le commerce illégal de bois russe vers l’Europe est en plein essor depuis le début de la guerre en Ukraine, et ce, en dépit des sanctions européennes. Selon l’ONG britannique Earthsight, spécialisée dans les enquêtes sur la criminalité environnementale et sociale, l’équivalent de 20 camions remplis de bois de bouleau entreraient chaque jour sur le sol européen. Pendant neuf mois, l’ONG britannique Earthsight a joué aux acheteurs de bois pour rencontrer traders et exportateurs et obtenir des preuves du commerce illégal de contreplaqué de bouleau. Ce bois est de plus en plus prisé en décoration intérieure, et c'est aussi le principal bois russe qui fait l'objet d'un blanchiment à grande échelle, selon la coordinatrice de l’enquête Tara Ganesh.Au terme de ses investigations, l'ONG a pu évaluer que, chaque jour, un volume de 700 m³ de bois de bouleau russe et biélorusse arrivait dans les ports et aux frontières de l’Union européenne. On parle d’une valeur de 1,5 milliard d’euros de contreplaqué de bouleau qui aurait franchi les frontières européennes, depuis l'entrée en vigueur des sanctions sur le bois russe en juillet 2022. Ces sanctions concernent notamment le bois russe, les meubles et les pâtes à papier.À lire aussiChute des exportations de bois russe en 2022Bois blanchi au Kazakhstan, en Chine, en TurquieLe bois expédié en Europe de l’Est, principalement en Pologne, mais aussi en Espagne, en Italie et au Portugal, est blanchi par des pays tiers : la Turquie, la Chine et le Kazakhstan essentiellement. Les exportations de contreplaqué depuis ces pays-là ont étonnamment bondi après l’entrée en vigueur des sanctions contre la Russie « et elles ne peuvent pas s’expliquer par une augmentation soudaine de la production locale » précise l’enquête. L'illustration parfaite est le Kazakhstan, qui n'exportait pas de contreplaqué de bouleau en Europe avant la date charnière des sanctions.Plusieurs acteurs de ce commerce ont été filmés ou enregistrés à leur insu et ont montré qu'ils avaient conscience d’enfreindre des sanctions. Du côté des clients, certains se disent persuadés que leur bois provient du Kazakhstan ou d’Ukraine, alors qu’ils s’approvisionnent auprès d’exportateurs qui ont admis, eux, sous couvert de confidentialité, faire du commerce illégal.Pour l’ONG, ces sociétés ont au minimum manqué de vigilance sur la probité de leur fournisseur. Et cela est encore plus problématique quand on sait qu'elles sont à la tête de gros marchés : on retrouve ainsi le premier fabricant mondial de murs d’escalade, ou encore un fournisseur de revêtement de sol pour les plus grandes chaînes d'hôtels de luxe.Un commerce qui profite à des proches du Kremlin En plus d'être théoriquement soumis aux sanctions de juillet 2022, ce bois ne devrait dans tous les cas pas rentrer dans l’UE en vertu de ce qu'on appelle le Règlement sur le bois de l’Union européenne, rappelle Alain Karsenty, expert de la filière au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), règlement adopté en 2013 qui demande aux importateurs d’analyser les risques qu’ils prennent en alimentant un commerce illégal ou non conformes aux normes en vigueur. Ce règlement est lui-même souvent contourné, par des importateurs qui se contentent d’informations superficielles, les contrôles des autorités publiques étant très variables d’un pays à l’autre.Cette situation profite aujourd'hui à plusieurs grandes entreprises russes. L’une d’elles est dirigée par un oligarque, Alexei Mordashov, qui figure sur la liste des sanctions de l’UE.À lire aussiLes sanctions contre la Russie sont-elles vraiment efficaces?Plus de contrôle en 2026 ?À partir de 2026, le blanchiment de bois russe et biélorusse devrait être plus difficile, relève Alain Karsenty, car le Règlement européen contre la déforestation et la dégradation des forêts (RDUE) impose une traçabilité jusqu'à la parcelle, ce que ne demande pas l’actuel Règlement Bois.Mais cela ne signifie pas pour autant la fin de la fraude, du fait du manque de moyens mis à la disposition des administrations chargées du contrôle dans les États membres, voire de leur manque de volonté politique, relève l'expert qui regrette que l’UE n’accorde pas plus de place aux certifications indépendantes.À lire aussiL'Union européenne approuve un nouveau paquet de sanctions contre la Russie
    Voir plus Voir moins
    2 min
  • L'excédent mondial de cobalt fait plonger les prix toujours plus bas
    Jan 28 2025

    Le cobalt, métal clé des batteries, n'était pas tombé si bas depuis 2016. Les raisons de cette baisse sont à chercher en République Démocratique du Congo, où le groupe chinois CMOC annonce une production aussi importante cette année qu'en 2024.

    Une production de 110 000 à 120 000 tonnes de cobalt, c'est ce que le chinois CMOC annonce pour cette année, soit l'équivalent des volumes de 2024 (114 000 tonnes), l'année où le groupe a produit bien plus qu'il ne visait initialement, à la surprise de nombreux acteurs : l'ambition annuelle du minier avait été atteinte en neuf mois au lieu de douze, grâce à la montée en puissance de deux mines en République Démocratique du Congo, premier pays fournisseur de cobalt au monde.

    L'augmentation des volumes de minerai brut produit, en RDC, et également en Indonésie, a été fatale pour les prix, déjà en baisse depuis deux ans et demi.

    Un marché sur-approvisionné

    Ces derniers jours, ils ont atteint leur plus bas depuis 2016, car en plus de cette production minière « structurellement excédentaire » pour reprendre les mots de Jim Lennon, analyste du groupe Macquarie, le marché fait face à une demande qui continue de décevoir malgré la hausse des besoins dans le secteur des batteries, et dans celui de l'électronique portable, une hausse estimée à 8% selon l'Institut du cobalt qui représente l'industrie.

    L'évolution des technologies pèse également sur les pronostics de croissance : le groupe CMOC s'est lui-même inquiété en fin d'année dernière de l'ampleur prise, en Chine, par les batteries lithium-fer-phosphate (LFP) qui ne contiennent pas de cobalt. Et de fait, pointe Argus Media, le développement de ces batteries « a exacerbé le problème d'offre excédentaire sur le marché du cobalt ».

    À lire aussiCobalt: Glencore détrôné par le chinois CMOC

    Doublement de la demande d'ici à 2030

    Ce qui alimente aussi l'excédent, c'est le manque de discipline des producteurs. « Le problème du cobalt est qu’il s’agit principalement d’un sous-produit du cuivre ou du nickel. Par conséquent, son offre dépend principalement de ces marchés, plutôt que du prix du cobalt lui-même », rappelle l'analyste de Macquarie.

    Dans ce contexte compliqué, l'Institut du cobalt reste optimiste : l'organisation prévoit la fin de l'excédent, d'ici à 2030, grâce à un doublement des besoins dans le secteur des batteries.

    En attendant qu'un déficit apparaisse sur le marché et entraîne une remontée des prix, le risque, pour l'avenir de la filière, est que les niveaux de prix actuels découragent les nouveaux investissements, que ce soit dans l'extraction minière ou le raffinage.

    À lire aussiCobalt: la fin d’un litige entre la RDC et la société chinoise CMOC fait craindre une chute des prix

    Voir plus Voir moins
    2 min