Ils paraissaient jusque-là épargnés par les tensions qui agitent leurs partenaires du Nouveau front populaire (NFP). Les Écologistes affichent depuis l’an passé une certaine sérénité et jouent le rôle du point d’équilibre de l’union de la gauche, régulièrement déchirée par les conflits entre socialistes et insoumis. Ces derniers jours toutefois, les crises s’enchaînent et la direction menée par Marine Tondelier vacille.
Avec tout d’abord cette séance de mea culpa médiatique que la patronne des Écologistes a dû s’infliger cette semaine. Marine Tondelier a exprimé « ses regrets » sur la manière dont le parti a géré les accusations contre Julien Bayou. La plainte pour harcèlement moral et abus de faiblesse contre l’ancien dirigeant des Verts vient en effet d’être classée sans suite… Mais celui-ci a vu sa carrière politique exploser en vol, après notamment que les Écologistes aient diligenté une enquête interne contre lui. « Il était impossible de bien faire dans ce dossier » a tenté de se défendre Marine Tondelier. Trop peu, trop tard selon son prédécesseur qui regrette qu’elle ne soit pas capable de reconnaître « son innocence ». Julien Bayou dénonce aussi l’acharnement contre lui de la députée Sandrine Rousseau. Or celle-ci devrait garder sa place dans la direction du parti à l’issue du congrès des Écologistes prévu fin avril.
Un congrès sous tensionUn congrès qui suscite aussi de vives critiques à l’encontre de la direction actuelle. Notamment en raison des nouveaux statuts votés l’an passé destinés« à supprimer la balkanisation » habituelle des Écologistes, explique l’eurodéputé David Cormand, proche de Marine Tondelier. Désormais il est plus simple pour la motion la plus importante d’obtenir la majorité absolue, ce qui était quasiment impossible auparavant. « Un problème démocratique et une rupture avec l’esprit du parti », clament de leur côté les opposants, qui reconnaissent toutefois « se réveiller un peu tard ». « On va vers une LFIsation des écolos », peste un cadre du parti, y voyant la volonté de Marine Tondelier de s’inspirer des méthodes autoritaires de Jean-Luc Mélenchon pour préparer sa candidature à la présidentielle.
Ambitions présidentielles multiplesSauf qu’elle n’est pas la seule chez les Écologistes et que là aussi, ça pose problème. Notamment avec le maire de Grenoble Éric Piolle, qui ne briguera pas un nouveau mandat en 2026, et qui se serait bien vu porte-parole du parti pour gagner en exposition médiatique en vue de 2027. « Ce n’est pas le principe du poste de porte-parole », cingle David Cormand. Un observateur avisé de la vie des Écologistes préfère lui en rire :« Éric Piolle a été bien naïf de croire que son ancienne protégée Marine Tondelier allait lui dérouler le tapis rouge. Maintenant elle veut être la seule sur la photo ». « Jalousies », réplique-t-on dans le camp Tondelier, où l’on persifle : « certains n’acceptent simplement pas qu’elle soit plus populaire qu’eux ». Bref, bonne ambiance à deux mois du Congrès.