Épisodes

  • Teresa Ribera: «Beaucoup d'Européens pourraient mourir du changement climatique si on ne réagit pas»
    Jan 31 2025
    Cette semaine, nous recevons Teresa Ribera, première vice-présidente exécutive de la Commission européenne et chargée d’une transition propre, juste et compétitive. L’ancienne ministre socialiste espagnole présente les initiatives à mener par la Commission afin de relancer la compétitivité de l’UE sans pour autant compromettre la protection de l’environnement et des citoyens européens. Le 29 janvier 2025, la Commission européenne a présenté son plan pour relancer la compétitivité de l’Union européenne (UE), en déclin face aux États-Unis et à la Chine. Cette «boussole pour la compétitivité», prévoit notamment un «choc de simplification» pour les entreprises, c’est-à-dire l’allègement des contraintes administratives à leur égard. Teresa Ribera souhaite accroître l’influence de l'industrie européenne sur les marchés internationaux. «Il faut agir pour avoir une compétitivité qui dure mais qui est aussi capable aussi de donner des réponses à court terme. Il faut s’assurer que l’Europe continue d’innover et de créer des emplois de qualité pour les européens», précise la commissaire.Ces mesures de simplification administrative, en discussion depuis plusieurs années, peinent à être appliquées. Si Teresa Ribera reconnaît une difficile mise en place de cette simplification, elle la pense nécessaire : «Il faut achever une simplification qui donne le sens, la direction qu'on veut maintenir et en même temps qui soit capable de faciliter la vie aux entrepreneurs et en particulier aux plus petits d’entre eux.» Les écologistes et ONG s'inquiètent du fait qu'une simplification pourrait être synonyme de dérégulation. Elle pourrait aller à l’encontre du Pacte vert, un ensemble d’initiatives dont l’objectif principal est de faire de l’Europe le premier continent à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. «Nous ne voulons pas sacrifier le Pacte vert», affirme la première vice-présidente de la Commission. «Les motivations qui nous ont poussés à rendre l’économie, la prospérité et le développement beaucoup plus durables restent encore fortes», explique-t-elle. Au sein des Vingt-Sept, des voix s'élèvent pourtant contre le Pacte vert. Comme celle du Premier ministre polonais Donald Tusk dont le pays est très dépendant du charbon, à l’origine de 63 % de sa production d’électricité. Si Teresa Ribera admet des «malentendus dans la discussion politique» entre les États membres, elle confirme l’intention de la Commission de décarboner l’industrie. «L'énergie propre offre des prix beaucoup plus bas et prévisibles que l'énergie qui dépend des énergies fossiles. Elle est meilleure pour la santé des citoyens et nous offre plus d’autonomie.» Au chapitre de la protection de l’environnement, le climatoscepticisme semble gagner du terrain en Europe : «C'est un danger. Certains veulent oublier que le réchauffement existe. Le réchauffement climatique a des conséquences terribles. Il a des conséquences humaines et économiques catastrophiques.» L’ancienne ministre du gouvernement de Pedro Sánchez se défend contre les polémiques sur la gestion des terribles inondations qui ont frappé l'Espagne en octobre 2024. Elle recommande la lucidité et la précaution excessive : «Le développement des systèmes d'alarme, la capacité de connecter les gens entre eux, d'apprendre ce qu'il faut faire dans ces situations. Des rapports montrent que le changement climatique pourrait mener à une situation où une bonne partie des Européens pourraient mourir à la fin de ce siècle si jamais on ne réagit pas», explique-t-elle. Afin de relancer l’économie de l’Union, la Commission européenne va également publier en 2026 de nouvelles lignes directrices pour l'évaluation des fusions-acquisitions des entreprises offrant ainsi la possibilité de créer des géants européens capables de rivaliser avec les États-Unis et la Chine. «Il faut continuer à développer le marché européen unique. Mais si le marché de référence n’est pas uniquement le marché européen mais le marché global, il y a de la place pour faciliter un rôle aux champions européens», estime Teresa Ribera. Inversement sur le plus petit marché intérieur européen, il faut se prémunir contre les monopoles «qui pourraient avoir un impact négatif sur les consommateurs». «Nous devons rester un marché ouvert et en même temps assurer que les industriels européens qui respectent les droits des travailleurs, les standards environnementaux et la santé publique ne soient pas désavantagés.»
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  • Salomé Zourabichvili : « L’UE n’a pas d’instrument contre les manipulations électorales »
    Jan 24 2025

    Depuis que le parti au pouvoir, Rêve géorgien, revendique la victoire aux législatives du 26 octobre, Salomé Zourabichvili et l'opposition pro-occidentale contestent les résultats, réclamant un nouveau scrutin. «Il y a eu une fraude massive très sophistiquée. On a eu des trolls russes, mais surtout la manipulation du vote électronique qui demandait une pré-planification», estime-t-elle. Les résultats publiés donnent 53,9% à Rêve Géorgien contre 37,8% pour une alliance des partis d’opposition.

    Un score entaché d’irrégularités pour l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), les Européens et la 5è présidente. Selon Salomé Zourabichvili, «L’Union européenne n’a pas d’instrument contre les manipulations électorales» ni pour «observer à l'avance afin de voir quel type de manipulation est en train de se mettre en place».

    Un mois après la désignation du nouveau président, Mikheïl Kavelachvili, ancien joueur de football connu pour ses diatribes anti-occidentales, son pays de 3,7 millions d’habitants est en ébullition, suite au tournant pro-russe opéré : «Tout ce qui déclenche la vraie colère de la population géorgienne, c'est la décision de tourner le dos à l'Europe, d'élire un président avec une élection à parti unique parce qu'il n'y a pas d'autre parti présent au Parlement», ajoute Salomé Zourabichvili.

    La Géorgie a obtenu le statut de candidat à l’Union européenne un an avant les élections législatives. «Depuis 30 ans, la population géorgienne se prononce à 80% pour cette voie européenne. Et au lieu de cela, on stoppe tout, ce qui a été très apprécié par notre voisin russe». L’UE représente 15 % des échanges commerciaux du pays, et distribue 85 millions d'euros par an pour soutenir les services gouvernementaux.

    Une cinquantaine de manifestants sont déjà derrière les barreaux, après des manifestations quotidiennes. «Ce régime est complètement refermé sur lui-même. Ils ne sortent pas dans la rue, ils tiennent des réunions derrière des portes closes et ils ne gouvernent plus. Il n'y a pas de décisions qui soient prises à part celle sur la répression», dénonce la présidente rebelle.

    Les États-Unis et le Royaume-Uni ont imposé des sanctions à plusieurs hauts responsables géorgiens. La 5è présidente avait rencontré Donald Trump à Paris puis vu des membres de son administration à Washington, «car les sanctions américaines, extraterritoriales, sont très puissantes», en insistant sur le risque que les grands ports de la mer Noire pourraient tomber dans les mains chinoises. «La Géorgie a commencé, sous le Rêve géorgien et de façon accélérée ces derniers mois, à faire venir les Chinois à signer un accord de partenariat stratégique avec la Chine», avertit l’ancienne diplomate française et géorgienne. Ce à quoi le Premier ministre de Rêve Géorgien répond avoir les mêmes valeurs conservatrices que le président Trump. «Ses amis ne sont pas vraiment les amis des Américains. Ce sont les Chinois, les Iraniens, les Russes. Et donc je ne pense pas qu'il suffise de jouer avec la soi-disant proximité idéologique qui est un pur paravent pour permettre de renouer les fils avec les Américains». «Si on a une armée, c'est grâce aux Américains. Si on a les institutions, c'est grâce aux Européens. Et ce régime, depuis deux ans, depuis la guerre en Ukraine pratiquement, ne cesse de tourner le dos à nos partenaires», conclut-elle.

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  • Hadja Lahbib : «Dans les crises, les droits des femmes régressent»
    Jan 17 2025
    Cette semaine, nous recevons Hadja Lahbib, commissaire européenne en charge de l’Anticipation, de la Gestion de crise et de l’Égalité. Aide humanitaire apportée à l’Ukraine et à Gaza, protection des droits des femmes en Syrie et en Afghanistan, ou lutte contre les discriminations au sein de l’UE, la commissaire détaille les missions de son vaste portefeuille. La commissaire Hadja Lahbib, en charge de l’aide de l’Union européenne (UE) apportée à travers le monde, a récemment visité l’Ukraine où elle a annoncé l'attribution d'une aide humanitaire de 140 millions d'euros. Alors que les Ukrainiens vivent un troisième hiver en pleine guerre, la commissaire confirme que «la situation est très grave». «La Russie est en violation totale du droit international humanitaire», dénonce-t-elle. «Les enfants, les femmes et les personnes handicapées sont les premières victimes. Ils sont parfois déplacés à des kilomètres de chez eux, sans électricité, sans eau, sans abri. Tout est détruit.» Le froid est un élément critique pour la population alors que des infrastructures énergétiques ont été détruites par des attaques russes. L’aide de l’UE consiste notamment en la réaffectation d’écoles, la mise en place de cliniques ambulantes ou la distribution de bois de chauffage. «Une grande partie de notre aide humanitaire consiste à répondre aux besoins de première nécessité», explique Hadja Lahbib.Au Proche-Orient, la trêve tant attendue redonne de l’espoir aux populations mais la situation humanitaire reste tragique. «Gaza est démolie à plus de 80 % et les derniers hôpitaux en état de fonctionner ont été sévèrement touchés», rappelle la commissaire européenne à la gestion de crise. L'accès de l'aide humanitaire à Gaza est extrêmement limité et contrôlé par Israël. Alors que le Parlement israélien a adopté deux projets de loi interdisant les activités de l’Agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens (UNRWA) dans la bande de Gaza, Hadja Lahbib estime que «leurs services prodigués au niveau éducatif, psychosocial, médical ou sanitaire sont énormes». «Rien ne peut remplacer l’UNRWA», ajoute-t-elle. À propos de ce conflit, elle estime que «nous sommes en pleine violation du droit international humanitaire qui demande de ne pas prendre les populations civiles en otages et de ne pas viser les infrastructures». En Syrie, l’UE pourrait assouplir ses sanctions vis-à-vis du pays si les nouvelles autorités, composées de la formation radicale islamiste HTC, proposent une politique notamment respectueuse de la diversité des cultes et de la liberté des femmes. «Nous attendons aujourd'hui une Syrie inclusive. Une Syrie qui permet à tous les Syriens d'exister avec leurs différences», rappelle Hadja Lahbib. À la question de si l’aide humanitaire fournie par l’UE pourrait être remise en question en cas de non-respect de ces conditions, elle explique que cette aide «n'est pas politique mais impartiale, neutre et inconditionnelle». «L'aide humanitaire apportée par l’UE n’a jamais quitté la Syrie», affirme la commissaire européenne. Elle rappelle cependant que «les autorités seront jugées sur leurs actes dans les prochaines semaines». Les Vingt-Sept ont également débloqué 150 millions d'euros d'aide d'urgence pour l’Afghanistan, un pays où 16 millions d'Afghans sur 38 millions nécessitent une assistance. Certains pays, dont la France, s'opposent à une forme d'aide au développement en faveur de Kaboul à cause de la régression critique des droits des femmes. Si elle comprend ces réticences, la commissaire européenne estime que ce que demandent les femmes afghanes est le plus important : «Ce qu'elles nous demandent, c'est de rester parce qu'elles ont besoin de notre aide. Nous resterons tant que nous pouvons travailler et faire parvenir notre soutien humanitaire à toutes les femmes.»Au sein même de l’Union, les pays peuvent bénéficier d’un mécanisme de protection civile en cas de crise humanitaire. «Ce n’est pas parce qu'on est un pays riche que nous savons faire face à une catastrophe aussi vaste qu'un cyclone ou une pandémie. Nous ne pouvons pas faire face à des catastrophes de telle ampleur, seul dans son coin», rappelle la commissaire à la gestion de crise. Elle explique qu’après le passage du cyclone dévastateur à Mayotte, «la contribution de plusieurs États membres a permis d’obtenir plus d'abris pour les personnes qui ont perdu leur logement». Hadja Lahbib est également chargée de l’égalité entre les citoyens européens et notamment entre les hommes et les femmes. «Nous devons être vigilants. Je suis très heureuse d'avoir ce portefeuille qui est construit autour de valeurs de diversité, d'inclusivité et de principes de solidarité et d'humanité», note Hadja Lahbib. Elle affirme que nous faisons face à «une régression» dans...
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  • Etienne de Poncins: «Il faut réarmer face à des guerres hybrides où c’est la loi du plus fort qui s’impose»
    Jan 10 2025
    Alors que la Pologne pro-européen Donald Tusk hérite de la présidence tournante du Conseil de l’UE, nous recevons l’ambassadeur de France en Pologne, Etienne de Poncins, qui était en poste à Kiev lorsque Vladimir Poutine a déclenché sa guerre contre l’Ukraine. À la présidence du Conseil de l’Union européenne, la Pologne a succédé à la Hongrie de Viktor Orban. Pendant les six mois de sa présidence, le dirigeant hongrois a multiplié les voyages polémiques – en Russie ou en Chine, par exemple – et « la Hongrie n'a pas joué collectif. Elle n'a pas joué son rôle de présidence qui est d'essayer de faire converger les positions. Au contraire, ils ont joué leur rôle en individualiste », déplore Etienne de Poncins. La passation de pouvoir a été chaotique, cela en raison de l’asile politique accordé par la Hongrie à l’ancien vice-ministre de la Justice polonais, membre du parti d’opposition Droit et Justice (PiS), et qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt européen émis par son pays : « Cela ne se fait pas entre États européens. Orban joue le jeu de l’opposition à Donald Tusk ! » estime Etienne de Poncins, qui se réjouit du bon timing de cette présidence polonaise « utile ».La Pologne a été en conflit avec Bruxelles pendant huit ans lorsqu’elle était dirigée par le PiS ultra-conservateur, pour manquement à l’État de droit. Le Premier ministre Donald Tusk a « la volonté de sortir de cette période-là. Mais il y a des difficultés pour faire passer ce retour à l'État de droit, notamment en raison d’une cohabitation très dure avec le président polonais Alexander Duda, de l'ancien parti au pouvoir », nous explique Etienne de Poncins. Donald Tusk a dû former une coalition avec des partis, centristes et libéraux, mais aussi conservateurs « donc sur tous ces sujets de société qui ont beaucoup mobilisé l'électorat que ce soit sur l'adoption de l'équivalent de notre PACS, l’union des homosexuels, ou sur l'avortement, il faut bien reconnaître que les progrès n'ont pas été aussi rapides qu’on pouvait l’espérer ».Depuis le retour au pouvoir de Donald Tusk il y a un an, la Pologne est en train de s’imposer sur la scène européenne, alors même que la France et l’Allemagne sont fragilisées par les échéances électorales. Etienne de Poncins parle d’un « moment polonais en Europe », « qui avait eu raison en alertant pendant des années sur le danger russe, apparaît comme le soutien principal ou très en pointe sur la guerre en Ukraine ». Enfin, le pays a un remarquable résultat économique, avec un chômage à 2,5 %, et sa croissance est la plus forte d’Europe.Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, qui veut imposer un cessez-le-feu très rapide en Ukraine, n’inquiète pas le diplomate outre mesure : « Du côté des Européens, il y a beaucoup de concertations pour voir comment maintenir ce soutien à l'Ukraine. Il y a des échanges à tous les niveaux, en divers formats, pour faire en sorte que l'Europe soit entendue, qu'elle soit à la table des négociations. Pour l'instant, la tendance très largement majoritaire, c'est quand même le soutien à l'Ukraine », juge l’ambassadeur, qui espère « pendant la présidence polonaise, l'adoption d'un nouveau paquet de sanctions, le 16e paquet de sanctions envers la Russie, et le maintien de ce soutien aussi longtemps qu'il le faudra ». Donald Trump emmène Elon Musk dans ses bagages à Washington. Paris a exhorté la Commission européenne à une plus grande fermeté vis-à-vis du milliardaire, qui soutient le parti d'extrême droite AfD en Allemagne. L’Europe « cherche à se réarmer dans ce domaine-là pour faire face à des guerres hybrides dans un monde où c’est la loi de la force qui s’impose, et il n’est pas trop tard », confirme Etienne de Poncins. « Il faut se préparer, se réarmer, également militairement, et c'est l'objet des programmes que nous conduisons », ajoute-t-il. Avec 4 % de son PIB dédié à la défense, la Pologne fait figure d’exemple : « Elle nous montre le chemin avec cette volonté de réarmement parce qu'elle est en première ligne, avec les pays baltes. »
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  • Bernard Quintin: «On suspend les demandes d’asile syriennes, mais les retours seront volontaires»
    Jan 3 2025
    Le ministre des Affaires étrangères de Belgique, Bernard Quintin, issu du parti Mouvement réformateur, libéral (groupe Renew), revient sur le dernier Conseil européen de la présidence hongroise, le 19 décembre, qui a porté sur la place de l’Europe dans le monde. Il estime que les Vingt-Sept sont unis dans leur soutien à l’Ukraine, où ils veulent peser, discutent de leur future relation avec les États-Unis, sans envisager une guerre commerciale, et observent l’évolution de la Syrie.(Rediffusion du 20/12/2024) Sur le dossier syrien, les Vingt-Sept ont réaffirmé les conditions d'une reprise de leurs relations avec Damas : une Syrie plurielle respectant les minorités, y compris le droit des femmes : « Il faut d'abord se réjouir de la fin d'un régime dictatorial exécrable et criminel vis-à-vis de sa propre population. C'est un pays relativement morcelé, et nous appelons les nouvelles autorités syriennes à respecter l'intégrité et la souveraineté du pays, donc à respecter les droits fondamentaux ! » Mais l’interdiction des bases militaires russes ne doit pas conditionner le dialogue : « Il ne faut pas qu'on multiplie les conditions préalables », juge le diplomate, en concédant : « Quand on voit le rôle extrêmement négatif que la Russie a pu jouer avec un soutien inconditionnel à un régime criminel, on peut en tirer des conclusions : ces bases servent d'acheminement et même d'entraînement pour un certain nombre de milices russes qui sont envoyées sur des théâtres en Afrique. »Le gouvernement belge a gelé les demandes d'asile syriennes, dont 35 000 Syriens ont bénéficié depuis dix ans : c'est une « suspension de l'examen des dossiers en cours, car il y a quand même un changement fondamental sur le terrain », justifie-t-il. « Mais le retour des réfugiés répond à trois principes. Il faut qu'ils soient volontaires, sûrs et dignes. »Lors du dernier sommet hongroise de la présidence rotative, le premier du nouveau président du Conseil Antonio Costa et de la nouvelle cheffe de la diplomatie, Kaja Kallas, les Européens ont réaffirmé leur soutien à l’Ukraine : « Rien à propos de l'Ukraine ne peut être décidé sans les Ukrainiens », prévient le ministre belge. « Il faut quand même fondamentalement respecter la volonté des Ukrainiens… Est-ce que demain il y aura des négociations entre les Américains ou sous l'égide des Américains, entre le président Zelensky et le président Trump ou entre les Ukrainiens et les Russes ? Nous le verrons. Mais il y a une chose qui est certaine, c'est que nous resterons toujours, nous les voisins de l'Ukraine. » Fait rare, le président français ne participait pas au sommet européen, mais a rencontré Volodymyr Zelensky avant, pour discuter de l'envoi de troupes sur le sol ukrainien pour garantir un éventuel cessez-le-feu : « Si on parle d'une mission de maintien de la paix, c'est trop tôt pour l'évoquer, tout simplement parce qu'il n'y a pas la paix », estime le chef de la diplomatie européenne, tout en se félicitant de la capacité des Vingt-Sept à discuter de tout sans tabou.Quand Trump menace les Européens de droits de douane intempestifs, en particulier s'ils n'achètent pas assez de gaz naturel ou de pétrole aux USA, Bernard Quintin s’inquiète que « 10 % de droits de douane plus élevés représentent 1 % du PIB européen. Le piège serait de tomber dans une forme de guerre d'isolationnisme ou de droits de douane. Nous devons nous préparer, comme je le disais, nous devons diversifier aussi nos partenariats, comme par l’accord avec le Mercosur », avance-t-il, même s’il va regarder de près cet accord et ses clauses de sauvegarde sur l’agriculture, sous pression du monde rural belge.
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  • José Manuel Albares : «Décourageons l’immigration illégale avec des filières légales»
    Dec 27 2024
    Cette semaine, nous recevons José Manuel Albares, ministre espagnol des Affaires étrangères au sein du gouvernement socialiste de Pedro Sánchez. Accord du Mercosur, immigration et conflits dans diverses régions du monde, il commente les défis auxquels l’Union européenne doit faire face.(Rediffusion du 13/12/2024) Alors que l’Espagne pourrait bientôt devenir le dernier grand pays social-démocrate d’Europe, son gouvernement adopte des politiques singulières sur plusieurs dossiers. Sur les migrations, tandis que de nombreux États membres durcissent leur politique d’accueil, notamment vis-à-vis des Syriens, l’Espagne vient d'adopter une réforme : elle entend régulariser 900 000 étrangers sans-papiers d'ici trois ans : «L'Afrique est le continent du futur et c'est pour cela que nous adoptons ces stratégies», explique José Manuel Albares. «Nous voulons une migration maîtrisée, sûre, ordonnée, avec nos frontières bien contrôlées. Mais en même temps, nous voulons aussi une migration humaine, qui respecte les droits de l'homme», détaille-t-il. Le chef de la diplomatie espagnole souhaite également «ne pas mentir aux citoyens» et explique que «l'immigration irrégulière est un tout petit pourcentage de tous les mouvements migratoires». Il assure que son gouvernement socialiste mène «une forte politique de développement dans certains pays africains pour pouvoir proposer à la jeunesse, des formations et des emplois» dans leurs pays d’origine, pour «lutter contre les mafias qui trafiquent des êtres humains». «Il ne faut pas oublier que la meilleure façon de décourager l'immigration irrégulière, c'est de proposer des filières d'immigration légale», estime José Manuel Albares. L’autre dossier sur lequel l’Espagne compte peser est celui de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur : «Une large majorité des pays européens est en faveur du Mercosur qui va donner lieu au plus grand marché de libre-échange de la planète. Les avantages sont beaucoup plus importants que les inconvénients», estime-t-il. Pour lui, les supposés problèmes peuvent «être très facilement nuancés par des mesures de la Commission européenne». D’un point de vue environnemental, «des mesures ont déjà été inscrites dans le traité afin que les accords de Paris et la préservation de la biodiversité soient mieux respectés par l'Amérique latine». Selon lui, ce traité porte aussi des ambitions géopolitiques : «Nous avons besoin d’amis et d'alliés dans le monde. L'Amérique latine est la région la plus euro-compatible de la planète», juge le ministre espagnol. «Si nous ne leur tendons pas la main, ils vont se tourner vers d'autres partenaires». José Manuel Albares pense que si nous souhaitons défendre la préservation de l’environnement, les États membres devraient vouloir que l’Amérique latine s’associe à l’UE plutôt qu’à des pays qui n’ont pas à cœur la question écologique. Face au conflit israélo-palestinien, l’Espagne se démarque à nouveau. Le pays a officiellement reconnu l’État de Palestine en mai 2024 : «Nous l‘avons fait par justice envers le peuple palestinien qui ne doit pas être condamné à être éternellement un peuple de réfugiés», s’émeut José Manuel Albares. «Nous l’avons également fait en pensant à la sécurité d'Israël car seul un État palestinien vivant en bon voisinage avec l'État d'Israël peut garantir prospérité et sécurité à tous les deux». La Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d’arrêt contre Benyamin Netanyahu pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. À la différence de la France qui estime qu’il jouit d’une certaine immunité, le chef de la diplomatie espagnole explique qu’en tant que pays fondateur de la CPI, ils suivront «toutes les obligations que ce statut [leur] impose».En Syrie, le pouvoir de Bachar el-Assad a été renversé par des groupes rebelles. Alors qu’un gouvernement de transition se met en place, José Manuel Albares salue la chute de la dictature mais appelle à surveiller les actions des nouvelles autorités. «Nous devons nous assurer que le futur de la Syrie sera un futur pluriel, comme l'est la société syrienne, avec différentes religions, différents peuples. Nous devons garantir l'intégrité territoriale de la Syrie. Il faut que le pays devienne une source de stabilité pour le Moyen-Orient».Au sujet de la guerre en Ukraine, José Manuel Albares rappelle que «si la Russie gagne cette guerre d'agression, le monde et l'Europe seront moins sûrs demain». Alors que la Russie est accusée d’ingérence lors des récentes élections en Roumanie et en Géorgie, il apporte son soutien à ces deux pays. «Nous souhaitons que la Géorgie revienne sur le chemin européen. La Roumanie est un pays essentiel pour l'Union européenne», affirme-t-il. La Russie est ...
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  • Bernard Quintin: «On suspend les demandes d’asile syriennes, mais les retours seront volontaires»
    Dec 20 2024

    Le ministre des Affaires étrangères de Belgique, Bernard Quintin, issu du parti Mouvement réformateur, libéral (groupe Renew), revient sur le dernier Conseil européen de la présidence hongroise, le 19 décembre, qui a porté sur la place de l’Europe dans le monde. Il estime que les Vingt-Sept sont unis dans leur soutien à l’Ukraine, où ils veulent peser, discutent de leur future relation avec les États-Unis, sans envisager une guerre commerciale, et observent l’évolution de la Syrie.

    Sur le dossier syrien, les Vingt-Sept ont réaffirmé les conditions d'une reprise de leurs relations avec Damas : une Syrie plurielle respectant les minorités, y compris le droit des femmes : « Il faut d'abord se réjouir de la fin d'un régime dictatorial exécrable et criminel vis-à-vis de sa propre population. C'est un pays relativement morcelé, et nous appelons les nouvelles autorités syriennes à respecter l'intégrité et la souveraineté du pays, donc à respecter les droits fondamentaux ! » Mais l’interdiction des bases militaires russes ne doit pas conditionner le dialogue : « Il ne faut pas qu'on multiplie les conditions préalables », juge le diplomate, en concédant : « Quand on voit le rôle extrêmement négatif que la Russie a pu jouer avec un soutien inconditionnel à un régime criminel, on peut en tirer des conclusions : ces bases servent d'acheminement et même d'entraînement pour un certain nombre de milices russes qui sont envoyées sur des théâtres en Afrique. »

    Le gouvernement belge a gelé les demandes d'asile syriennes, dont 35 000 Syriens ont bénéficié depuis dix ans : c'est une « suspension de l'examen des dossiers en cours, car il y a quand même un changement fondamental sur le terrain », justifie-t-il. « Mais le retour des réfugiés répond à trois principes. Il faut qu'ils soient volontaires, sûrs et dignes. »

    Lors du dernier sommet hongroise de la présidence rotative, le premier du nouveau président du Conseil Antonio Costa et de la nouvelle cheffe de la diplomatie, Kaja Kallas, les Européens ont réaffirmé leur soutien à l’Ukraine : « Rien à propos de l'Ukraine ne peut être décidé sans les Ukrainiens », prévient le ministre belge. « Il faut quand même fondamentalement respecter la volonté des Ukrainiens… Est-ce que demain il y aura des négociations entre les Américains ou sous l'égide des Américains, entre le président Zelensky et le président Trump ou entre les Ukrainiens et les Russes ? Nous le verrons. Mais il y a une chose qui est certaine, c'est que nous resterons toujours, nous les voisins de l'Ukraine. » Fait rare, le président français ne participait pas au sommet européen, mais a rencontré Volodymyr Zelensky avant, pour discuter de l'envoi de troupes sur le sol ukrainien pour garantir un éventuel cessez-le-feu : « Si on parle d'une mission de maintien de la paix, c'est trop tôt pour l'évoquer, tout simplement parce qu'il n'y a pas la paix », estime le chef de la diplomatie européenne, tout en se félicitant de la capacité des Vingt-Sept à discuter de tout sans tabou.

    Quand Trump menace les Européens de droits de douane intempestifs, en particulier s'ils n'achètent pas assez de gaz naturel ou de pétrole aux USA, Bernard Quintin s’inquiète que « 10 % de droits de douane plus élevés représentent 1 % du PIB européen. Le piège serait de tomber dans une forme de guerre d'isolationnisme ou de droits de douane. Nous devons nous préparer, comme je le disais, nous devons diversifier aussi nos partenariats, comme par l’accord avec le Mercosur », avance-t-il, même s’il va regarder de près cet accord et ses clauses de sauvegarde sur l’agriculture, sous pression du monde rural belge.

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  • José Manuel Albares : «Décourageons l’immigration illégale avec des filières légales»
    Dec 13 2024
    Cette semaine, nous recevons José Manuel Albares, ministre espagnol des Affaires étrangères au sein du gouvernement socialiste de Pedro Sánchez. Accord du Mercosur, immigration et conflits dans diverses régions du monde, il commente les défis auxquels l’Union européenne doit faire face. Alors que l’Espagne pourrait bientôt devenir le dernier grand pays social-démocrate d’Europe, son gouvernement adopte des politiques singulières sur plusieurs dossiers. Sur les migrations, tandis que de nombreux États membres durcissent leur politique d’accueil, notamment vis-à-vis des Syriens, l’Espagne vient d'adopter une réforme : elle entend régulariser 900 000 étrangers sans-papiers d'ici trois ans : «L'Afrique est le continent du futur et c'est pour cela que nous adoptons ces stratégies», explique José Manuel Albares. «Nous voulons une migration maîtrisée, sûre, ordonnée, avec nos frontières bien contrôlées. Mais en même temps, nous voulons aussi une migration humaine, qui respecte les droits de l'homme», détaille-t-il. Le chef de la diplomatie espagnole souhaite également «ne pas mentir aux citoyens» et explique que «l'immigration irrégulière est un tout petit pourcentage de tous les mouvements migratoires». Il assure que son gouvernement socialiste mène «une forte politique de développement dans certains pays africains pour pouvoir proposer à la jeunesse, des formations et des emplois» dans leurs pays d’origine, pour «lutter contre les mafias qui trafiquent des êtres humains». «Il ne faut pas oublier que la meilleure façon de décourager l'immigration irrégulière, c'est de proposer des filières d'immigration légale», estime José Manuel Albares. L’autre dossier sur lequel l’Espagne compte peser est celui de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur : «Une large majorité des pays européens est en faveur du Mercosur qui va donner lieu au plus grand marché de libre-échange de la planète. Les avantages sont beaucoup plus importants que les inconvénients», estime-t-il. Pour lui, les supposés problèmes peuvent «être très facilement nuancés par des mesures de la Commission européenne». D’un point de vue environnemental, «des mesures ont déjà été inscrites dans le traité afin que les accords de Paris et la préservation de la biodiversité soient mieux respectés par l'Amérique latine». Selon lui, ce traité porte aussi des ambitions géopolitiques : «Nous avons besoin d’amis et d'alliés dans le monde. L'Amérique latine est la région la plus euro-compatible de la planète», juge le ministre espagnol. «Si nous ne leur tendons pas la main, ils vont se tourner vers d'autres partenaires». José Manuel Albares pense que si nous souhaitons défendre la préservation de l’environnement, les États membres devraient vouloir que l’Amérique latine s’associe à l’UE plutôt qu’à des pays qui n’ont pas à cœur la question écologique. Face au conflit israélo-palestinien, l’Espagne se démarque à nouveau. Le pays a officiellement reconnu l’État de Palestine en mai 2024 : «Nous l‘avons fait par justice envers le peuple palestinien qui ne doit pas être condamné à être éternellement un peuple de réfugiés», s’émeut José Manuel Albares. «Nous l’avons également fait en pensant à la sécurité d'Israël car seul un État palestinien vivant en bon voisinage avec l'État d'Israël peut garantir prospérité et sécurité à tous les deux». La Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d’arrêt contre Benyamin Netanyahu pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. À la différence de la France qui estime qu’il jouit d’une certaine immunité, le chef de la diplomatie espagnole explique qu’en tant que pays fondateur de la CPI, ils suivront «toutes les obligations que ce statut [leur] impose».En Syrie, le pouvoir de Bachar el-Assad a été renversé par des groupes rebelles. Alors qu’un gouvernement de transition se met en place, José Manuel Albares salue la chute de la dictature mais appelle à surveiller les actions des nouvelles autorités. «Nous devons nous assurer que le futur de la Syrie sera un futur pluriel, comme l'est la société syrienne, avec différentes religions, différents peuples. Nous devons garantir l'intégrité territoriale de la Syrie. Il faut que le pays devienne une source de stabilité pour le Moyen-Orient».Au sujet de la guerre en Ukraine, José Manuel Albares rappelle que «si la Russie gagne cette guerre d'agression, le monde et l'Europe seront moins sûrs demain». Alors que la Russie est accusée d’ingérence lors des récentes élections en Roumanie et en Géorgie, il apporte son soutien à ces deux pays. «Nous souhaitons que la Géorgie revienne sur le chemin européen. La Roumanie est un pays essentiel pour l'Union européenne», affirme-t-il. La Russie est également fréquemment accusée ...
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