• Les dessous de l'infox, la chronique

  • Auteur(s): RFI
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Les dessous de l'infox, la chronique

Auteur(s): RFI
  • Résumé

  • Info ou intox ? Chaque semaine, RFI épingle une de ces tentatives de manipulation de l’information, pour en expliquer les ressorts. Vous souhaitez que «Les dessous de l'infox» vérifie la véracité d'une déclaration, d'une photo ou d'une vidéo... qui circule sur les réseaux sociaux, joignez-nous sur notre numéro WhatsApp + 33 6 89 07 61 09.

    France Médias Monde
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Épisodes
  • Incendies de Los Angeles: quand des images détournées sèment la confusion
    Jan 17 2025

    À Los Angeles, les pompiers essayent toujours de contenir les flammes, plus d’une semaine après le début des incendies. Selon le dernier bilan, au moins 24 personnes ont trouvé la mort. Une catastrophe historique, marquée par un flot d'infox d’une rare intensité sur les réseaux. L’origine de ces incendies, le travail des pompiers, les rescapés, rien n’échappe à la désinformation, à tel point que certaines des images les plus partagées en ligne sont irréelles ou sorties de leur contexte.

    Si vous avez passé du temps sur les réseaux sociaux ces derniers jours, vous avez probablement été confronté à l’une de ces deux images aériennes, montrant une maison au toit rouge, prétendument épargnée par les flammes à Los Angeles. Tout le quartier semble avoir été détruit, sauf ces luxueuses résidences. Si les deux maisons se ressemblent, ce ne sont pas les mêmes. L’une est en bord de mer, l’autre en pleine ville.

    Les internautes qui partagent ces photos affirment qu’elles montreraient « la maison d’un croyant de Los Angeles, miraculeusement protégée par Dieu ». Un récit sur lequel plusieurs auditeurs nous ont alertés.

    Image détournée et générée par IA

    Vérification faîte, ces deux images n’ont rien à voir avec les incendies en cours à Los Angeles. La première photo est bien authentique, mais elle n’a pas été prise dans la cité des anges. Une recherche par image inversée permet de retrouver sa trace dans la banque d’images de l’Agence France Presse (AFP). On y apprend en légende qu’elle montre une maison dans le quartier de Lahaina, à la suite des incendies mortels à Hawaï, en août 2023. La résidence avait été épargnée notamment grâce à sa toiture en tôle épaisse et à l’absence de végétation à proximité.

    Concernant le deuxième cliché, si visuellement tout semble réel, l’image a en réalité été générée par une intelligence artificielle. Le seul moyen de s’en rendre compte consiste à faire une recherche par image inversée sur Google, puis d’aller dans l’onglet « À propos de l’image ». Un message apparaît alors indiquant « image créée avec l’IA de Google ».

    Comment Google sait-il que quelqu’un a généré cette image avec son intelligence artificielle ? Pour son outil de génération d’image, baptisé Imagen, la firme américaine utilise ce que l’on appelle des watermarks, des filigranes, invisibles à l’œil nu, mais identifiables par un logiciel. Ce tatouage numérique atteste donc de l’utilisation de l’intelligence artificielle, mais sans faire cette démarche de vérification, il est impossible de s’en rendre compte.

    Instrumentalisation complotiste et religieuse

    Cette image synthétique fait l’objet de nombreuses instrumentalisations. Religieuse d’abord, avec plusieurs messages parlant d’une intervention divine. Certains affirment, à tort, que cette maison appartenait à une famille chrétienne, d’autres à une famille musulmane.

    Et puis certains complotistes ont aussi diffusé cette image, assurant que l’incendie était volontaire et ne ciblait que certaines habitations. Deux récits trompeurs vus des dizaines de millions de fois sur les réseaux sociaux. Résultat, cette infox figure aujourd’hui parmi les images les plus vues concernant les incendies de Los Angeles. On est donc là face à un énième exemple de détournement de l’IA qui perturbe les perceptions d’un événement mondial et invisibilise les vraies images de la catastrophe.

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  • Comment vérifier une information en direct grâce à l'intelligence artificielle ?
    Jan 10 2025

    « Nous allons nous débarrasser des fact-checkers ». Cette déclaration du patron de Meta, Mark Zuckerberg, ce mardi 7 janvier, a suscité beaucoup d’inquiétude chez les spécialistes de la lutte contre la désinformation. Pendant que certains veulent faire disparaître le fact-checking sur les réseaux, d’autres essayent au contraire de faciliter l’accès à des informations vérifiées. C’est le cas de l'ONG La Réponse Tech qui a récemment lancé, Vera, un bot conversationnel de vérification.

    Utiliser l’intelligence artificielle pour permettre à tout un chacun de vérifier une information en temps réel. C’est la mission que s’est lancée le collectif citoyen La Réponse Tech en développant Vera, un agent conversationnel numérique, accessible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Concrètement, il suffit d’appeler le numéro de téléphone de Vera, +33 9 74 99 12 95 ou bien de lui envoyer un message sur WhatsApp, en lui demandant si telle information est vraie ou fausse.

    Pour cet exemple, nous avons volontairement posé une question sur une infox vérifiée par la cellule Info Vérif de RFI. Mais cette intelligence artificielle se base sur le travail de plusieurs centaines de sources fiables, sélectionnées par un comité d’experts et librement consultables.

    « À partir de la question posée par l’utilisateur, Vera va d’abord chercher si des rédactions de fact-checking ont traité le sujet. Si ce n’est pas le cas, elle va chercher la réponse auprès de 300 sites de médias reconnus comme fiables, avant d’en faire une synthèse et de la proposer en temps réel », explique son fondateur, Florian Gauthier. Techniquement parlant, Vera se base sur le modèle de langage GPT-4, développé par la société américaine Open AI.

    Aujourd’hui, Vera est utilisée par environ 700 utilisateurs uniques chaque semaine.

    Une IA modelée pour éviter les erreurs

    Comme tout outil basé sur l’intelligence artificielle, Vera n’est pas infaillible. Le risque d’erreur ou de réponse incomplète existe. Mais contrairement à des chatbots comme ChatGPT, Perplexity ou Claude, Vera n’a pas été pensée pour répondre coûte que coûte à la question posée. « Vera a l’interdiction totale, d’imaginer quoi que ce soit. Dès qu’elle va formuler une réponse, c’est que cette réponse a été donnée par une source fiable qui est toujours citée. Si Vera ne trouve pas la réponse dans sa base de données, ce qui arrive par moment, elle ne va pas chercher à inventer. Elle se contentera alors de préciser qu’elle n’a pas trouvé la réponse à cette question », détaille Florian Gauthier.

    Autre limite, la base de données ne peut pas être exhaustive. Il est donc possible que Vera vous réponde qu’elle ne sait pas même si le sujet a déjà été vérifié. Mais d’après nos essais, Vera est aujourd’hui le bot conversationnel le plus efficace pour vérifier une information en temps réel. À l’avenir, ses créateurs envisagent de rendre Vera multilingue, et de proposer gratuitement le service sur d’autres plateformes et réseaux sociaux.

    Lutter contre les discours complotistes

    Au-delà de permettre ce processus de vérification en temps réel, ce genre d’agent conversationnel pourrait également permettre de limiter, chez certains utilisateurs, l'adhésion aux théories complotistes. C’est ce que montre une étude récente publiée dans la revue scientifique Nature. « De nombreuses personnes qui croient fermement à des théories du complot apparemment infondées peuvent changer d’avis lorsqu’on leur présente des preuves convaincantes. (...) Les dialogues avec l’IA réduisent durablement les croyances complotistes, même parmi les plus fervents croyants », concluent les chercheurs.

    Pour Florian Gauthier, « l’intelligence artificielle est un super outil pour propager des fausses informations. Mais l’IA peut aussi être, au contraire, une véritable piste de réponse pour combattre la désinformation ».

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  • Gaza sur les réseaux sociaux, de l’image artificielle sur de réelles atrocités
    Jan 3 2025
    De plus en plus simples et performants, les modèles de synthèse d'image permettent la diffusion massive de contenus artificiels, relayés comme tels mais pas seulement. Ils participent aussi à la confusion dans des conflits difficiles à couvrir pour les journalistes, menacés dans l’exercice de leur métier. À côté des véritables clichés témoignant des atrocités commises à Gaza, l’IA vient perturber la perception de la réalité factuelle. L’image suscite l’indignation. Elle montre - au premier plan - un homme âgé sous perfusion, pieds et torse nus, debout au milieu des gravas, avec - à l'arrière-plan - un char de combat se détachant sur fond de bâtiments détruits un peu flous. Les comptes qui partagent cette image sur plusieurs réseaux sociaux, Instagram, Facebook et X indiquent qu’il s’agit d’un vieillard sorti de force par les soldats israéliens lors de l’assaut mené il y a une semaine tout juste contre l’hôpital Kamal Adwan, dernier grand hôpital du nord de Gaza. Relayée dès lundi par une influenceuse et activiste pro-palestinienne suivie par plus de 300 000 comptes sur X, le cliché suscite de nombreuses réactions contre une opération militaire israélienne qui a brutalement mis hors d’état de fonctionner l’un des derniers hôpitaux de Gaza. Pourtant, cette image censée représenter une situation réelle, ne l’est pas. Création numérique trompeuseUne recherche d’image inversée permet de retrouver la première occurrence de cette image. Elle provient du compte Instagram d’un militant pro-palestinien, qui se présente comme un artiste de design numérique. Il ne s’en cache pas, ses images portent toutes la même signature, mentionnant une création d’art visuel. On découvre d’ailleurs une autre version de la scène. Le vieil homme est vu de dos, toujours devant le même char. Sur le bitume devant lui sont peints en rouge les mots « Dirty World » et la photo est barrée d’un slogan : « forced extermination », on voit aussi la signature du concepteur de l’image, en haut à droite et en bas à gauche. Il ne s’agit donc pas d’une photo à proprement parler. L’homme que l’on voit n’existe pas, c’est une composition numérique avec des éléments de décor fictifs. Le char est placé là, comme un élément du décor. Mais nombre de publications ont relayé cette image d’un réseau social à l’autre, en réduisant le cadre et du coup, en escamotant la signature. De toute façon, avec ou sans logo, en lisant les commentaires, on s’aperçoit que beaucoup d’internautes pensent avoir affaire à une image authentique, alors qu’il n’en est rien. Altération du réelLe concepteur de l’image publie sur Instagram un résumé de la situation plutôt factuel sans dire que l’illustration choisie, elle, ne l’est pas. L’intention vise manifestement à alerter l’opinion, à la suite de ce raid de l’armée israélienne qui a bel et bien eu lieu et qui a abouti à ce que les patients de l’hôpital - certains dans un état critique - soient sortis du bâtiment sous la contrainte. Or, à part quelques images du personnel soignant et du docteur Abou Safiya arrêtés par l’armée israélienne, on n’a quasiment pas vu ce qui était advenu des patients. À l'exception d’une vidéo diffusée sur la chaîne de télévision Al Jazeera, montrant des femmes et des enfants assis dans des ambulances lors de leur transfert vers l’hôpital indonésien. Leur situation est réellement dramatique, car le système de santé à Gaza est véritablement en ruine, mais l’image du vieil homme à la perfusion, seul face à un char ne rend pas compte de la situation réelle. À lire aussiGuerre Israël-Gaza: «Un système sanitaire anéanti», la santé des Gazaouis en périlQuand l’image artificielle sert la propagande israélienneLe paradoxe, c’est qu’en publiant et en relayant des images non authentiques même lorsqu’elles témoignent d’une réalité, on favorise la mise en doute des véritables photos, qui - elles - sont prises dans des conditions extrêmement difficiles. L’image du vieillard à la perfusion n’a pas circulé de façon virale. Elle a vite été retirée de X par l’influenceuse qui avait contribué dans un premier temps à sa diffusion. Mais d’autres internautes s’en sont emparés. Dont un militant pro-israélien, profitant de l’occasion pour alimenter le doute sur le sort des gazaouis. Immanquablement, sur les réseaux sociaux, la création échappe vite à son créateur. Le factuel relégué au second plan, la désinformation s’insinue. La nécessité de « documenter » le conflitLa manœuvre éclipse une autre réalité de ce conflit. À Gaza, les journalistes sont empêchés de travailler, victimes des bombardements quand ils ne sont pas volontairement ciblés et interdits sur le terrain. Cette difficulté ne justifie pas cependant l’emploi de fausses images dans la ...
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    3 min

Ce que les auditeurs disent de Les dessous de l'infox, la chronique

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