La conférence des Nations unies sur l'Océan doit se dérouler à Nice du 9 au 13 juin prochain. La France en tant qu'hôte de la conférence, et en tant que première puissance maritime européenne et seconde au niveau mondial a une responsabilité particulière selon les principales ONG de défense de l'océan en Europe qui adressent une lettre ouverte au président français Emmanuel Macron pour lui demander d'interdire les pratiques de pêche les plus destructrices dans les aires marines protégées. Aujourd'hui, un tiers des populations de poissons dans le monde sont surexploitées et ce n'est qu'une moyenne. En Méditerranée par exemple, surpêche concerne plus de 80 % des populations de poissons selon l'Agence européenne de l'environnement. La pêche industrielle est l'activité qui a eu l'impact le plus important sur la biodiversité marine ces 50 dernières années selon l’IPBES et les scientifiques sont clairs : les aires marines protégées sont l'un des meilleurs outils qui existe pour protéger et restaurer cette biodiversité.Pourtant, même si l'UICN, l'Union internationale pour la conservation de la nature qui fait autorité sur la question, spécifie qu'une aire marine protégée, pour qu'elle soit efficace, doit exclure les pratiques de pêches industrielles, ce type de pêche reste paradoxalement autorisée dans la plupart des zones protégées.« Moins de 0,1 % des aires marines protégées françaises le sont vraiment »En réalité, il existe une multitude d'aires naturelles aux statuts variés, 17 statuts différents rien qu'en France, et elles n'ont pas toutes le même degré de protection. Certaines ont une protection « stricte », c’est-à-dire qu’aucune activité de pêche n’est autorisée, d’autres sont « hautement » protégées, seule la pêche artisanale y est permise. Ce sont ces aires marines protégées que les ONG plébiscitent. Les autres statuts permettent toutes sortes d’exploitation marine, certaines autorisent même l'extraction de pétrole ! Pas vraiment rassurant en termes de pollution et de protection de l'environnement.La France se targue d'avoir déjà atteint les objectifs internationaux de protection de 30 % de son espace maritime mais selon Zoé Lavocat responsable aires marines protégées chez BLOOM, « moins de 0,1 % des aires marines protégées françaises correspondent aux critères établis par les scientifiques de protection de la biodiversité ». Le pays est en fait un des mauvais élèves en Europe estime la militante. « Le Talus du Golfe de Gascogne, qui est une aire marine protégée sur la côte atlantique française, est celle qui est la plus chalutée d’Europe. Il y a aussi l’aire marine supposément protégée du bancs des Flandres au nord de la France, qui est en réalité ravagée par des méga-chalutiers. Je parle ici de chalutiers de 100 mètres de long qui pêchent des centaines de tonnes chaque jour. »Le chalutage de fond dans le viseur des ONGCe que les ONG dénoncent, c’est la taille, et donc la capacité énorme de pêche des navires autorisés à pratiquer dans les aires marines protégées, mais surtout leur technique de pêche. Le chalutage de fond est particulièrement destructeur. Ces bateaux tirent un filet qui racle les fonds marins. Ils embarquent tout, y compris des espèces qui n'ont aucun intérêt marchand. Le fait de racler le sol remue par ailleurs les sédiments qui sont des stocks de carbone. Ils permettent donc de libérer du CO2, principal gaz à effet de serre. Le chalutage de fond est donc mauvais pour le climat et pour la biodiversité.En suivant les balises satellites des plus gros chaluts, l'ONG a déjà comptabilisé plus de « 6900 km2 de fonds marins ravagés par le chalutage de fond dans les aires marines protégées françaises » rien que depuis le début de l'année.Ce type de pêche est par ailleurs « largement subventionné » dénonce Zoé Lavocat et crée certes des emplois, « mais pas autant que si ces navires étaient remplacés par de plus petits bateaux de pêche artisanale ». Protéger certaines zones en mer n'est pas néfaste pour les pêcheurs au contraire, il est prouvé que les stocks de poissons se reconstituent et son plus gros et les prises dans les eaux avoisinantes sont meilleures.