Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, l'application des zones à faibles émissions (ZFE) s'est intensifiée dans les grandes villes françaises, restreignant la circulation des véhicules les plus anciens selon leur vignette Crit’Air. Face aux difficultés économiques et sociales que ces restrictions engendrent, 35 députés ont déposé une proposition de loi visant à suspendre leur extension pour cinq ans.
Les parlementaires avancent un argument majeur : l’air est déjà beaucoup moins pollué qu’il y a vingt ans. Selon les données officielles, les émissions de dioxyde d’azote ont chuté de 60 %, tandis que celles des particules fines ont diminué de 53 %. Ces progrès seraient principalement dus aux avancées technologiques des véhicules et à d’autres réglementations mises en place avant les ZFE. En parallèle, plusieurs grandes villes comme Dijon, Toulon, Amiens, Perpignan et Metz ont choisi de reporter ou d’assouplir l’application des ZFE, invoquant un manque d’accompagnement adapté. La préfecture du Var a d’ailleurs rappelé que la loi ne prévoit aucune sanction en cas de retard, renforçant le sentiment d’incertitude autour de ces mesures.
Au-delà des questions environnementales, les restrictions des ZFE pénalisent en priorité les ménages modestes. Les véhicules interdits appartiennent souvent à des travailleurs contraints d’utiliser leur voiture au quotidien, sans possibilité financière d’acheter un modèle récent. Même avec des aides, le coût reste souvent prohibitif. Cette problématique a déjà pesé sur les débats parlementaires : le 17 février dernier, plusieurs députés se sont opposés à l’interdiction des véhicules thermiques neufs en 2035, estimant qu’une transition trop brutale risquait d’exclure une partie de la population.
Autre point de crispation : la verbalisation automatique prévue dès 2026. Grâce au croisement des bases de données, les autorités pourront sanctionner à distance les conducteurs circulant en ZFE avec un véhicule interdit. Les députés redoutent une multiplication des erreurs et une pression accrue sur les ménages déjà fragilisés. Pour ces élus, le renouvellement naturel du parc automobile et les avancées technologiques (comme le freinage régénératif ou la capture des particules) permettent déjà de réduire la pollution sans mesures coercitives. Ils plaident donc pour une approche plus progressive et adaptée aux réalités sociales, plutôt qu’un durcissement immédiat des restrictions. Reste à voir si cette proposition de moratoire trouvera un écho auprès du gouvernement, alors que la transition écologique s’impose comme un enjeu central pour les années à venir.
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