Une étude britannique récente, menée par l’Université d’Oxford et publiée dans Alzheimer’s & Dementia: The Journal of the Alzheimer's Association, a mis en lumière un facteur de risque inattendu de la démence précoce : les difficultés à comprendre la parole dans un environnement bruyant. En analysant les données de plus de 82 000 adultes âgés de 60 ans et plus, les chercheurs ont découvert que ceux qui peinaient à distinguer les voix dans un brouhaha ambiant présentaient un risque accru de développer des troubles cognitifs.
Pourquoi l’audition joue un rôle clé dans la santé cérébrale ?
Jusqu’à présent, la recherche sur la démence s’est principalement concentrée sur des facteurs génétiques, cardiovasculaires ou encore liés au mode de vie (alimentation, activité physique, etc.). Cependant, cette étude révèle que notre capacité à traiter les sons dans un environnement complexe pourrait aussi être un indicateur précoce du déclin cognitif.
L’explication possible repose sur plusieurs mécanismes :
1. Un lien direct avec la charge cognitive
L’écoute dans un environnement bruyant mobilise fortement le cerveau. Elle demande une coordination entre plusieurs régions cérébrales impliquées dans le traitement auditif, la mémoire et l’attention. Une difficulté croissante à traiter ces signaux pourrait ainsi refléter un dysfonctionnement précoce des circuits neuronaux.
2. L’isolement social comme facteur aggravant
Les personnes ayant du mal à comprendre la parole dans le bruit ont tendance à éviter les interactions sociales, par peur de ne pas suivre les conversations. Cet isolement progressif est un facteur de risque bien connu de la démence, car il réduit la stimulation cognitive essentielle au maintien des fonctions cérébrales.
3. Un marqueur précoce de la neurodégénérescence
Certaines formes précoces de la maladie d’Alzheimer ou d’autres démences pourraient affecter en premier lieu les régions du cerveau impliquées dans le traitement des sons complexes, bien avant que les symptômes de la mémoire ou du raisonnement ne deviennent évidents.
Implications pour la prévention et la santé cognitive
Cette découverte ouvre de nouvelles pistes pour la prévention de la démence. Elle suggère que tester la capacité à comprendre la parole dans le bruit pourrait devenir un outil de dépistage précoce. De plus, elle renforce l’importance de la santé auditive : traiter précocement une perte auditive, notamment avec des appareils auditifs, pourrait ralentir ou même prévenir le déclin cognitif.
En somme, protéger son audition et maintenir une bonne capacité d’écoute en milieu bruyant pourrait être une stratégie clé pour préserver sa santé cérébrale à long terme.
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