• Menaces sur l’information

  • Auteur(s): RFI
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Menaces sur l’information

Auteur(s): RFI
  • Résumé

  • Chaque année, la liberté de la presse est soumise à une pression croissante à travers le monde. Selon le dernier rapport de l'ONG Reporter sans Frontière, publié en mai 2024, plus de la moitié de la population mondiale vit dans des environnements extrêmement hostiles à la liberté d'expression journalistique, où exercer ce métier représente un danger pour la vie et la liberté. Pour illustrer ce constat alarmant, la chronique « Menaces sur l'Information » vous invite à découvrir les défis auxquels sont confrontés les journalistes dans le monde, à travers des portraits de ceux qui ont affronté la répression de la liberté d'expression et qui y ont parfois laissé la vie. Chaque récit met en lumière les enjeux cruciaux de notre époque pour une presse libre et indépendante.

    Diffusion : tous les samedis à 6h17, 7h53 et 18h17 TU.

    France Médias Monde
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Épisodes
  • L'«effet Trump» sur les médias
    Feb 8 2025

    C'est devenu tellement banal que la presse américaine n'en parle même plus. Depuis des années, Donald Trump et son entourage crachent sans retenue sur les médias traditionnels. Mais la donne vient de changer, avec son retour à la Maison Blanche. Ce qu'on appelle « l'effet Trump » risque de faire entrer les attaques contre les journalistes dans une nouvelle dimension...

    C'est un poison qu'il a utilisé pendant toute sa campagne : sur une période-test de deux mois. Entre début septembre et fin octobre 2024, Reporters sans frontières a dénombré lors de ses discours plus d'une centaine de diatribes dirigées contre la presse. On parle d'« effet Trump » parce que cette rhétorique anti-médias a des conséquences très concrètes sur la sécurité des journalistes américains. Elisa Lees Muñoz dirige la Fondation internationale pour les femmes dans les médias, basée à Washington.

    « L'"effet Trump", on l'a vu se mettre en place pendant ses meetings par exemple... Dès qu'il pointe du doigt les médias au fond de la salle ou qu'il désigne tel ou tel journaliste, la foule les prend pour cibles... Mais c'est valable aussi lorsqu'il dénigre ou critique la presse de manière générale... Tout simplement parce que dans la bouche d'un président ou d'un candidat à la présidentielle, l'impact est immédiat. »

    Plusieurs reporters racontent avoir subi des violences physiques, surtout dans les États les plus polarisés, où l'extrême-droite a pignon sur rue. Mais aussi des injures, de l'intimidation ou des menaces de mort de la part d'un électorat armé et radicalisé. Dans le Michigan, une journaliste raconte comment des partisans de Donald Trump lui ont hurlé dessus, « j'espère que quelqu'un va venir te violer avant de t'assassiner ».

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    Les médias vu comme des adversaires politiques

    Pour conjurer ce phénomène, plus de 600 professionnels des médias, en particulier des femmes, ont suivi des formations spécialisées. Une sorte de kit de survie journalistique : savoir reconnaître un public hostile, travailler à plusieurs, garer sa voiture à proximité des sorties, et même apprendre quelques rudiments d'arts martiaux.

    Mais maintenant qu'il est de retour au pouvoir, l'effet Trump prend une autre dimension. Elisa Lees Muñoz assure qu'il va passer à la vitesse supérieure. Et s'en prendre à l'existence même de certains médias qu'il considère comme des adversaires politiques.

    « Je ne crois pas qu'on ait déjà vu ça, mais on s'attend à des enquêtes sur le financement des entreprises de presse, en particulier les médias à but non lucratif. Si vous prenez PBS, le réseau de télévision publique ici, vous verrez qu'à l'antenne, ils publient la liste de leurs donateurs. Telle fondation, telle corporation nous a donné de l'argent. Désormais, le gouvernement assimile ça à de la publicité. Ce qui permet de remettre en cause le caractère non lucratif de l'activité de ces médias... Et d'assécher complètement leur système de financement participatif. »

    Au classement mondial de la liberté de la presse, les États-Unis pointaient au 55ᵉ rang en 2024. Soit une chute de dix places par rapport à l'année précédente. À l'appui de cette dégringolade, Reporters sans frontières met en avant la défiance généralisée envers les médias, l'insécurité croissante qui touche les journalistes américains dans l'exercice de leurs fonctions et l'hostilité notoire de la classe politique.

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    3 min
  • Biélorussie: Marina Zolotova, journaliste, condamnée par le régime à douze ans de prison
    Feb 1 2025

    Depuis les fortes mobilisations contre les fraudes électorales en 2020, le dirigeant biélorusse Alexandre Loukachenko mène une répression sans précédent. Tous les médias indépendants du pays ont été fermés et plus de quarante journalistes sont derrière les barreaux. Parmi eux, Maryna Zolotova, ancienne rédactrice en chef du média Tut.by, purge une peine de douze ans de prison.

    Avec à sa tête Marina Zolotova, Tut.by était le plus grand média en ligne indépendant de Biélorussie. Estampillé « extrémiste » par le pouvoir, il a été fermé en août 2021. Alexandra Pouchkina y a travaillé. Elle est aujourd’hui membre du comité de direction du journal en ligne Zerkalo, successeur de Tut.by, dont les journalistes sont disséminés dans plusieurs pays européens.

    « Beaucoup de personnes avaient Tut.by en page d’accueil : elles débutaient leur journée en lisant notre site. Elles puisaient toutes les informations sur Tut.by et vérifiaient l’information grâce à Tut.by. On estimait que tant que ça n’avait pas été publié sur le site, l’information n’existait pas. Tut.by c’était cette force qui permettait notamment de régler des problèmes dans le pays », explique la jeune journaliste.

    « Nous avons fait notre choix »

    Marina Zolotova, 47 ans, purge sa lourde peine dans la colonie pour femmes de Gomel. Ses collègues ont de ses nouvelles grâce aux lettres qu’elle peut échanger avec sa famille, son mari, ses deux enfants, exilés à Varsovie, en Pologne. Voici ce qu’elle disait de son métier à la Deutsche Welle avant son arrestation : « Nous avons fait notre choix lorsque nous avons décidé de faire du journalisme dans ce pays et de le faire comme nous le faisons, c'est-à-dire en rapportant honnêtement ce qui se passe dans le pays ».

    Marina Zolotava a été condamnée, tout comme la directrice de Tut.by Lioudmila Tchekina, pour « incitation à la haine » et appel à des actions « visant à porter atteinte à la sécurité nationale », mais aussi évasion fiscale et incitation à la haine sociale, des charges qualifiées d'absurdes par Reporters sans frontières. Olga Loïko était responsable éditoriale de la section politique et économique de Tut.by. Placée sur la liste des personnes impliquées dans des activités terroristes, après avoir passé 10 mois en détention provisoire, elle a dû fuir le pays. Elle sera jugée par contumace pour les mêmes charges que son ancienne rédactrice en chef. « On savait qu’on était susceptible de se retrouver en prison, mais personne ne pensait qu’il y aurait des peines aussi lourdes », avoue-t-elle.

    Plainte de RSF pour crimes contre l’humanité

    « Dans la rédaction, c’était un sujet de plaisanterie, une sorte de psychothérapie sur le ton de l’ironie, poursuit Olga Loïko. On blaguait par exemple avec des interrogations du type : mais qui va rester avec ton chat ? On en discutait assez souvent parce qu’il y avait déjà des arrestations. Mais d’un autre côté, Tut.by était quand même un média important, influent, où on s’efforçait de respecter les bonnes pratiques du journalisme. Donc, on ne s’attendait pas à de telles condamnations et d’ailleurs personne probablement ne s’y attendait. »

    S’il a gracié quelques prisonniers politiques l’an dernier, Alexandre Loukachenko a signifié, lors d’une récente conférence de presse, qu’il n’avait aucunement l’intention d’en faire de même pour les journalistes emprisonnés. Face aux arrestations arbitraires, aux perquisitions, aux fermetures de médias et aux violences exercées contre les journalistes, Reporters sans frontières a déposé plainte auprès de la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité.

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    3 min
  • Menaces et pressions au Cameroun: une manière de faire taire les journalistes, le vécu de L. Renée Batongué
    Jan 25 2025

    Line Renée Batongué est journaliste à la Cameroon Radio Television (CRTV), l’organisme public de radio et télévision du pays. Ce média d’État suit la ligne éditoriale du pouvoir et n’est donc pas connu pour des positions qui pourraient être jugées subversives. Pourtant, l’une de ses journalistes, Line Renée Batongué, a subi en novembre 2020 une arrestation arbitraire, des menaces et quelques frayeurs alors qu’elle était en mission officielle près de la ville de Bertoua dans l’est du pays pour la CRTV.

    Line Batongué avait participé en 2019 à l'émission de RFI « Autour de la question » sur le thème « Comment développer le journalisme scientifique en Afrique ? »

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