Épisodes

  • En Indonésie, des millions d'hectares de forêts bientôt convertis en réserves alimentaires et énergétiques ?
    Feb 7 2025
    C’est un projet qui fait couler beaucoup d’encre : en Indonésie, l’Etat a annoncé sa volonté de convertir plusieurs millions d’hectares de forêts en réserve alimentaire et énergétique. Objectif : produire du riz, de l’huile de palme et du bioéthanol. « Une catastrophe » environnementale en perspective, alertent les ONG. Mais qu’est-ce que ce projet précisément ? Le gouvernement indonésien souhaite utiliser près de 20 millions d’hectares de zones forestières, soit l’équivalent de la superficie du Sénégal. Le but des autorités est de les transformer en réserves de nourriture, d’énergie et d’eau. Une annonce du gouvernement, dans la lignée du président Prabowo Subianto, qui est au pouvoir depuis octobre dernier. Pendant sa campagne électorale l’an passé, il avait notamment promis de « renforcer l'autosuffisance alimentaire et énergétique de l’Indonésie ». Mais comment y parvenir ? Prabowo Subianto souhaite notamment augmenter l'utilisation de biocarburants par l’Indonésie, pour réduire ainsi les importations de carburant dans le pays. Sauf que derrière ces annonces, il y a des « risques environnementaux colossaux » alertent plusieurs ONG en Indonésie. Parmi ces derniers : l’expansion des plantations de palmiers à huile. L’Indonésie est d’ailleurs le premier producteur mondial d’huile de palme, juste devant la Malaisie.Le spectre de la déforestationDerrière ces risques d’expansion de l’huile de palme, se cache aussi la menace d’une augmentation de la déforestation, souligne les défenseurs de l’environnement. Mais de son côté, le chef de l’État Indonésien, tient un discours très différent. Selon ses déclarations, planter des palmiers à huile à la place d’autres arbres, « ce n’est pas déforester ».Fin décembre 2024, dans un discours, le président avait insisté sur sa volonté de planter davantage de champs de palmiers à huile : « Nos plantations de palmiers à huile, où qu'elles se trouvent, sont des biens de l'État, et je pense qu'à l'avenir, nous devrons également en planter davantage. C'est quoi la déforestation ? Le palmier à huile ? Mais c'est un arbre, non ? Le palmier à huile est un arbre tropical qui absorbe du dioxyde de carbone… »À lire aussiIndonésie: les conséquences du défrichage massif des forêtsMais une plantation de palmiers à huile réduit de 90 % au minimum le taux de biodiversité par rapport à une forêt tropicale primaire, souligne l’ONG WWF. Par ailleurs, les plantations de palmiers à huile accumulent aussi moins de carbone. Face au discours du président indonésien, les défenseurs de l’environnement ne cessent de tirer la sonnette d’alarme. Selon une étude de l’ONG Auriga Nusantara publiée la semaine dernière encore, plus de 2 600 kilomètres carrés de forêts primaires et secondaires ont été déboisés en 2024 au profit notamment de l’huile de palme, mais aussi du commerce du bois, et de l'extraction minière. Une étude qui souligne aussi l’augmentation de la déforestation légale.Conséquences sur la biodiversité et les populations localesLes ONG environnementales demandent donc au président indonésien Prabowo Subianto de protéger la biodiversité, tout comme les populations autochtones dépendantes de ces zones forestières. Pour Timer Manurung, le président de l’ONG Auriga Nusantara, ce projet de convertir des millions d’hectares va aussi accentuer les conflits agraires : « Chaque conséquence de la déforestation va toucher de plein fouet les populations autochtones et les populations locales, encerclées par la forêt ou présentes au sein même de la forêt. L’autre chose à absolument souligner, c’est que dans nos études précédentes, on a vu que la plupart des cas de déforestations proviennent des concessions et projets gouvernementaux. Ce qui veut aussi dire que ce sont de possibles cas d’accaparement des terres, parce que les zones concernées peuvent être potentiellement gérées par des autochtones. »L’ONG Auriga Nusantara, et d’autres associations indonésiennes appellent Prabowo Subianto à mettre en place un décret présidentiel pour protéger toutes les forêts naturelles restantes. Une demande restée sans réponse pour l’instant.
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  • Afghanistan : un ministre taliban défend l’accès à l’éducation pour les femmes, avant de fuir le pays
    Feb 6 2025
    Après une tirade véhémente contre la politique menée par son gouvernement à l’encontre des filles, le vice-ministre des Affaires étrangères, Mohammad Abbas Stanikzai a quitté l’Afghanistan pour les Emirats arabes unis. Lors d’une remise de diplôme, dans une madrasa, une école coranique de la province de Khost, le ministre a eu des mots très forts, qui tranchent avec la politique menée par le gouvernement taliban dont il fait partie : « Aujourd'hui, sur une population de quarante millions d'habitants, nous commettons des injustices à l'égard de vingt millions de personnes. Nous avons privé les femmes de tous leurs droits ; elles n'ont aucun droit à l'héritage, aucun droit sur leur mari, elles sont sacrifiées dans des mariages forcés, elles ne peuvent pas aller dans les mosquées, les universités et les écoles leur sont interdites, même les écoles religieuses. Leur interdire l’éducation n’est pas en accord avec la charia. À l’époque du Prophète Mahomet, les portes du savoir étaient ouvertes aux hommes comme aux femmes, il y avait des femmes tellement remarquables que si je devais m’étendre sur leurs contributions, cela me prendrait un temps considérable ».« Interdire l’éducation aux femmes est contraire à la charia »Si sa position sur la question de l’éducation des filles est connue, qu’il l’a plusieurs fois énoncée publiquement, cette fois, Mohammed Abbas Stanikzai est allé plus loin - dans le ton et sur le fond - en remettant en question la légitimité religieuse de la politique poussée par l'Émir des talibans « Leur interdire l’éducation n’est pas en accord avec la charia. À l’époque du Prophète Mahomet, les portes du savoir étaient ouvertes aux hommes et aux femmes. Il y avait des femmes tellement remarquables que si je devais m’étendre sur leurs contributions, cela me prendrait un temps considérable. »Selon des sources anonymes citées dans les médias afghans, cette dernière réprimande publique aurait provoqué la colère de l’Émir Haibatullah Akhundzada qui aurait ordonné son arrestation. D’autant qu’au début du mois, Mohammed Abbas Stanikzai l’avait déjà irrité, quand il avait dénoncé une « déification » de l’Émir des talibans, Hibatullah Akhundzada,S’il nie avoir fui à Dubaï par crainte de représailles, Mohammed Abbas Stanikzai est officiellement déclaré par le gouvernement comme étant en “arrêt maladie» pour un temps indéfini.À lire aussiAfghanistan, la longue nuit des femmesMohammad Abbas Stanikzai remet clairement en question la légitimité de la politique qui est menée contre les femmes d’un point de vue religieux. Il s’adresse aussi directement à l’Émir pour lui suggérer de changer d’approche.Tout ça aurait provoqué la colère du chef suprême des talibans, qui aurait ordonné son arrestation.Le principal intéressé nie avoir fui par crainte de représailles. Le gouvernement, dit qu’il est en « arrêt maladie » aux Émirats… En tout cas, il a quitté l’Afghanistan pour Dubaï, et on a du mal à ne pas analyser cette affaire comme révélatrice des tensions au sein du mouvement taliban.Le mouvement taliban diviséCette affaire est en tout cas révélatrice des lignes de fracture au sein du gouvernement islamiste. Comme l’expliquait l’expliquait sur RFI Jean-François Cautain, ex-ambassadeur et longtemps chargé de la coopération de l’UE en Afghanistan, sous ses airs d’unité, le mouvement Talibans serait en réalité scindé en deux.D’un côté, le camp extrêmement rigoriste, représenté par l’Émir qui vit reclus à Kandahar, deuxième ville du pays et berceau historique du mouvement fondamentaliste. De l’autre, le camp plus « modéré » des Talibans, majoritaire à Kabul, la capitale, où siège le gouvernement et où les mots de Mohammed Abbas Stanikzai raisonnent davantage au sein de l’opinion.La question du droit des femmes est, historiquement, l’un des marqueurs de cette division. Et Mohammed Abbas Stanikzai en est une incarnation. Dans un reportage de 1996 diffusé par la chaîne américaine CNN, on le voit âgé d’une trentaine d’années, s’exprimer sur la question. Tout juste nommé (déjà !) vice-ministre des Affaires étrangères dans le tout naissant premier Émirat ilamique d’Afghanistan, il répond à la journaliste américaine Christiane Amanpour, un mois après la prise de Kabul par les Talibans : « Je sais que dans les médias occidentaux, la propagande raconte que nous sommes contre l’éducation des femmes. C’est faux. Ce n’est pas correct. Simplement, pour l’instant, elles ne peuvent pas se rendre au bureau ou à l’école tant que nous n’avons pas trouvé une solution pour qu’elles puissent travailler et étudier dans des espaces séparés des hommes. »Force est de constater, que hier comme aujourd’hui, ce n’est pas l’approche de Mohammed Abbas Stanikzai qui l’a emporté : ...
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  • Japon: le conducteur d’un camion coincé dans un cratère géant provoqué par un affaissement de la chaussée
    Feb 5 2025

    Il y a une semaine, à la périphérie Nord de Tokyo, un camion et son conducteur ont été avalés au fond d’un trou provoqué par l’effondrement de la chaussée. Et qui ne cesse de s’agrandir. Un cratère géant de la taille d’une piscine olympique s’est formé au milieu d’un carrefour. Le conducteur reste toujours coincé et introuvable. Selon les autorités, ce gigantesque nid-de-poule aurait été causé par la vétusté du réseau d’égouts souterrains.

    L’accident s’est produit dans un quartier d’usines à Yashio au nord de Tokyo. La chaussée s’est affaissée, le camion et sont conducteur sont tombés dans un trou béant d’un diamètre de 5 mètres à l’origine. Au fil des jours, le trou a fusionné avec une autre cavité plus large, plus grande. Le gouffre mesure aujourd’hui 40 mètres de large et 15 mètres de profondeur, menaçant les bâtiments environnants. L’érosion des parois du gouffre, les fuites d’eaux souterraines empêchent les secours d’y rester longtemps.

    À lire aussiJapon : un pays fragile qui craint le retour de Donald Trump

    Ce cratère désormais aussi long qu’une piscine olympique aurait été causé par la vétusté du réseau d’égouts souterrain à en croire les responsables du département de Saitama..

    Des tuyaux d’égouts se sont ouverts sous la chaussée sous l’effet de la corrosion. Les canalisations vieillissent. En 2040, 40 % d’entre elles auront dépassé leur durée de vie de 50 ans. Elles peuvent rompre à tout moment. En 2022, quelque 10.000 incidents sans gravité d’affaissements de chaussée, liés au vieillissement des canalisations d’égout ont été recensés d’un bout à l’autre de l’archipel. Les pluies intenses peuvent aggraver les défaillances... En 2016, à Fukuoka, un gouffre de 30 mètres de large et de 15 mètres de profondeur est apparu dans le centre de la ville lors de la construction d’une ligne de métro. Personne n’avait été blessé.

    À la périphérie Nord de Tokyo, les secouristes sont toujours sans contact avec le conducteur de camion, un homme âgé de 74 ans…

    Les opérations de sauvetage sont ralenties par l’instabilité du sol et les infiltrations d’eau. Une quantité considérable d’eaux usées s’est accumulée dans le cratère et s’écoule comme une rivière. Les pompiers craignent un débordement des systèmes d’égout.

    Afin de réduire ce risque, les autorités ont demandé a plus d’un million de personnes vivant dans la zone de limiter les douches et les lessives. Elles mettent en garde contre un nouveau glissement de terrain ou effondrement de la chaussée. Les secouristes peinent car les parois du gouffre sont très instables. Ils sont gênés par les infiltrations d’eau. La situation est extrêmement dangereuse, disent-ils. Une rampe d’accès de 30 mètres a été construite pour approcher des grues du trou. De lourds morceaux d’asphalte sont tombés à l’intérieur. Les secouristes ne savent toujours pas où se trouve le conducteur.

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  • La lutte contre le fentanyl justifie les taxes américaines contre la Chine
    Feb 4 2025
    Les droits de douane de Donald Trump révèlent qu’il s'agit aussi d'une autre guerre : celle contre la drogue, justifiant en partie les taxes imposées par les États-Unis en guise de réponse punitive. Et les déclarations les plus incendiaires de Trump sont réservées à la Chine. Selon lui, le parti communiste « a subventionné et encouragé » les entreprises chinoises à « exporter du fentanyl et des précurseurs chimiques connexes utilisés pour produire des opioïdes synthétiques vendus illicitement aux États-Unis ». Avec notre correspondante à Pékin, Cléa BroadhurstAvant 2019, la Chine était le principal producteur de fentanyl et d'analogues de fentanyl illicites, qui étaient souvent expédiés directement aux États-Unis par la poste ou par des courriers privés. Puis la Chine a classé toutes les substances liées au fentanyl comme substances contrôlées.Les entreprises chinoises n'exportent pas directement du fentanyl en quantités importantes, mais plutôt des précurseurs et des pré-précurseurs — c'est-à-dire les principaux ingrédients de la drogue et ceux qui sont nécessaires à leur fabrication – qui sont ensuite transformés en fentanyl par les cartels mexicains.À lire aussiÉtats-Unis: l'Oregon va repénaliser les droguesLa lutte contre les stupéfiants, rare domaine de coopérationEn 2019, un rare effort de coopération entre la Chine et les États-Unis a permis de démanteler un réseau de contrebande de fentanyl. Après une enquête conjointe entre agences chinoises et américaines, un tribunal chinois a condamné un trafiquant à la peine de mort avec sursis pour avoir expédié cette drogue vers les États-Unis.À lire aussiLe Fentanyl, la drogue surpuissante qui décime les États-UnisMalgré l’interdiction de toute production non autorisée de fentanyl, cela n'a fait que déplacer le problème : les entreprises chimiques ont commencé à exporter des matières premières à la place.Et les efforts de coopération ont été sabrés à plusieurs reprises, ainsi en 2022 après la visite de Nancy Pelosi à Taïwan. Pour continuer les efforts, la Chine pourrait exiger des concessions diplomatiques ou commerciales, telles que la levée des sanctions ou le retrait de la liste américaine des principaux pays producteurs de drogue.Mesures chinoisesLa Chine a pris certaines mesures pour réglementer le fentanyl et ses précurseurs, mais le problème est lié au fait que l'application de la réglementation est incohérente et dictée par des considérations politiques. La Chine dispose d'énormes capacités de surveillance de l'internet, mais ne les a pas entièrement déployées contre les trafiquants de fentanyl.De nombreuses entreprises chinoises font encore de la publicité en ligne pour les précurseurs du fentanyl, souvent en utilisant WeChat et des numéros de téléphone chinois. Certains sites sont supprimés, mais des nouveaux apparaissent rapidement.Quels sont les risquesLa lutte contre le fentanyl en Chine se heurte à un obstacle majeur : l’ampleur de son industrie chimique. Un secteur clé de l’économie chinoise, où de nombreux précurseurs du fentanyl ont aussi des usages légitimes, notamment dans l’industrie chimique et pharmaceutique — comme certains médicaments du quotidien. Restreindre leur production pourrait avoir des effets en cascade, fragilisant d’autres secteurs et aggravant la crise économique du pays.Un durcissement des mesures poserait aussi un risque géopolitique. Plutôt que d’éradiquer le trafic, il pourrait simplement le déplacer. L’Inde, avec son industrie chimique florissante, ou encore l’Asie du Sud-Est, pourraient devenir les nouvelles plaques tournantes du marché des précurseurs.À lire aussiGuerre commerciale: la Chine réplique après l'entrée en vigueur des taxes américainesEn d’autres termes, même avec une répression plus stricte en Chine, la crise du fentanyl pourrait bien perdurer, sous une autre forme, ailleurs.
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  • Philippines: nouvelles arrestations de Chinois pour espionnage
    Feb 3 2025

    Aux Philippines, les espions chinois gagnent du terrain. Dix jours après l’arrestation d'un ingénieur informatique interpellé pour avoir espionné des bases militaires, cinq autres Chinois ont été arrêtés en fin de semaine dernière, pour des opérations d’espionnage en mer de Chine. Tout a commencé avec l’identification de deux touristes chinois en train de filmer, avec leur portable, un navire des garde-côtes philippins à Palawan. Palawan est une île qui fait face à la Mer de Chine méridionale, et dont la Chine revendique la quasi-totalité. Il y a deux jours, le président philippin, Ferdinand Marcos, s’est dit « très préoccupé » par la situation.

    De notre envoyée spéciale à Manille, Nemo Lecoq-Jammes

    Comment ont été identifiés ces espions chinois sur l’île de Palawan ?

    Ce sont les habitants de la ville de Puerto Princesa, une ville très touristique à Palawan, qui ont dénoncé des comportements suspects. Ils ont observé deux touristes, en shorts de bains, les pieds dans l’eau, filmer discrètement, un navire des garde-côtes philippins. Très vite, les habitants remarquent qu’ils ont aussi installé, à quelques pas de là, une caméra de vidéo-surveillance dans un cocotier, pointé vers la mer. Donc, aussitôt, les autorités sont prévenues. Les deux hommes sont arrêtés dès leur arrivée à Manille, à l’aéroport. Ils sont interrogés, leurs téléphones sont saisis. Et c’est là que les autorités vont de découvertes en découvertes...

    Tout d’abord, les deux individus ne sont pas des touristes taïwanais comme ils le prétendent, mais bien des citoyens chinois. Et puis, on découvre aussi qu’ils ont utilisé un drone pour documenter les allées et venues des bateaux des garde-côtes philippins, mais aussi pour prendre des photos d’une base aérienne et d’une base navale. À la suite de ça, trois autres suspects accusés d’être en lien avec les deux faux touristes chinois sont arrêtés les jours suivants. Dans leurs affaires, on découvre un télescope, des drones, des appareils de communications…et surtout, l’enquête démontre qu’ils surveillent, 24h sur 24, 7 jours sur 7, les mouvements des garde-côtes philippins à Palawan.

    Quels intérêts, pour ces deux citoyens chinois, d’avoir autant d’informations dans cette zone ?

    Alors pourquoi Palawan ? Parce que c’est là que se trouve la plus grosse base qui sert à stocker et à envoyer des garnisons militaires dans l’archipel des îles Spratleys. Les îles Spratleys, c’est une zone extrêmement disputée entre la Chine et les Philippines, en mer des Philippines occidentale.

    En fait, la Chine revendique la quasi-totalité de la zone malgré le fait qu’un tribunal international, en 2016, a confirmée qu’elle faisait partie de la ZEE, la zone économique exclusive des Philippines. Régulièrement, d’ailleurs, des navires chinois naviguent et patrouillent à proximité de Palawan. Et y a souvent des affrontements dans cette zone, avec les garde-côtes philippins. C’est pour ça que la découverte de ces deux espions chinois n’est pas du tout anodine.

    Une semaine avant leur arrestation, un autre espion chinois a été arrêté, sont-ils liés ?

    Selon le chef des forces armées Philippines, oui. Il a confirmé, il y a quelques jours, que ce groupe était en lien avec l’informaticien chinois et ses deux chauffeurs philippins arrêtés il y a deux semaines à proximité de Manille. Pour rappel, les trois individus ont été interpellés avec un équipement d’espionnage extrêmement développé permettant de produire des coordonnées pour contrôler des drones, mais aussi, de siphonner des données à distance, transmises en temps réel vers la Chine. Des recherches sont encore en cours pour savoir si les activités de ces ressortissants chinois sont un espionnage sponsorisé par l’État ou non. Pour le moment, l’ambassade de Chine à Manille a nié tout lien.

    À lire aussiPhilippines: arrestation d'un Chinois suspecté d'espionnage

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  • Léger dégel diplomatique entre l’Inde et la Chine
    Jan 31 2025

    L'Inde et la Chine veulent reprendre les vols directs entre leurs deux pays, près de cinq ans après les avoir interrompus en raison de la pandémie de Covid-19 et de conflits territoriaux. C’est le résultat d’une visite d'un haut représentant de la diplomatie indienne, Vikram Misri, à Pékin en début de semaine. Malgré ce dégel dans les relations pour le moins tumultueuses entre les deux voisins, des tensions persistent.

    Le dégel a commencé en octobre dernier, lors d’une première rencontre entre le Premier ministre indien Narendra Modi et le président chinois Xi Jinping, en marge d’un sommet des Brics à Kazan, en Russie. Depuis, des dizaines de pourparlers ont eu lieu entre les négociateurs des deux géants asiatiques, jusqu’à aboutir à un accord sur la reprise des vols directs. C’est une bonne nouvelle d’abord pour les hommes d’affaires : depuis 2020, ils devaient faire escale à Hong Kong, en Malaisie ou en Thaïlande. Bientôt, ils pourront donc directement atterrir à Pékin. Les pèlerins indiens, eux aussi, peuvent s’en réjouir : ils seront à nouveau autorisés à se rendre dans plusieurs sites sacrés au Tibet.

    Depuis 2020, Pékin et New Delhi sont sur le pied de guerre

    Depuis cinq ans au moins, les relations étaient exécrables entre les deux rivaux. Pékin et New Delhi sont sur le pied de guerre dans une zone frontalière de l’Himalaya, où un violent accrochage a coûté la vie à au moins vingt soldats indiens et quatre chinois en 2020. Ce conflit territorial est loin d’être réglé, mais tout porte à croire que l’Inde et la Chine ont bien compris que l’un dépend de l’autre. L’Inde a besoin de machines et de matières premières chinoises, mais aussi du savoir-faire dans le secteur des semi-conducteurs et des télécommunications. Pour la Chine, l’Inde est un marché crucial. Il vaut mieux donc s’entendre, surtout depuis que Donald Trump est arrivé au pouvoir.

    Avec le retour du milliardaire républicain à la Maison Blanche, la Chine doit craindre une guerre commerciale avec des tarifs douaniers exorbitants. L’Inde, de son côté, n’a pas vraiment intérêt à se jeter dans la gueule du loup américain, au risque d’être utilisée comme un pion des États-Unis en Asie par un président Trump, connu par ailleurs pour être extrêmement imprévisible.

    Un projet de méga-barrage suscite l’ire de l’Inde

    Mais ce réchauffement entre Pékin et New Delhi va-t-il se poursuivre ? Le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi appelle de ses vœux la fin des « suspicions mutuelles ». Mais ce réchauffement des relations ne signe pas la fin des bisbilles. À commencer par un projet chinois de méga-barrage qui suscite l’ire de New Delhi. Pékin, qui a donné le feu vert pour ce chantier géant en décembre 2024, se vante de développer une énergie propre pour combattre le réchauffement climatique avec ce barrage monumental au Tibet, le plus grand du monde.

    Mais côté indien, cette installation hydroélectrique risque de limiter l’accès à l’eau du fleuve Brahmaputra, pourtant une source d’eau potable cruciale pour des millions d’Indiens. Il y a donc des chances que la méfiance mutuelle persiste, et ce, malgré la reprise des vols directs.

    À lire aussiEn Chine, le barrage hydroélectrique Kamtok menace des milliers de Tibétains

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  • Donald Trump et Kim Jong-un: «Des discussions sur la dénucléarisation semblent improbables»
    Jan 30 2025
    Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump multiplie les appels du pied à destination de Kim Jong-un en affirmant qu’il souhaite reprendre le dialogue. Mais le dirigeant nord-coréen reste pour l’instant insensible. Ce mercredi il apparaissait dans les médias d’État en train de déambuler dans une usine d’enrichissement d’uranium, plaidant pour la poursuite de son programme nucléaire. Mais est-ce que le retour de Donald Trump, qu’il a rencontré à trois reprises, peut le faire changer de politique ? Est-ce que les deux hommes qui ont fait naître l’espoir d’une fin pacifique au conflit qui divise la péninsule depuis 1948 vont-ils à nouveau débuter des négociations ? RFI a posé ces questions à Jenny Town, directrice du site 38 North, programme d’analyse de la Corée du Nord géré par le groupe de réflexion Stimson Centre. RFI : Depuis son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump a multiplié les déclarations à l’égard de la Corée du Nord, assurant notamment qu’il souhaitait reprendre le dialogue. Est-ce que vous le prenez au sérieux ?Jenny Town : Je pense qu’avec Donald Trump il vaut mieux regarder la direction qu’il tente d’indiquer et pas nécessairement se concentrer précisément sur ses mots. Son intérêt pour la Corée du Nord est clair. Il veut reprendre les négociations, sous une forme ou une autre. Mais à quoi est-ce que cela ressemblera ? Quand est-ce que cela peut se dérouler ? Tout reste incertain. Je sais que Donald Trump a par exemple parlé de la Corée du Nord comme d’une « puissance nucléaire », ce qui serait un changement majeur. Mais ensuite, la Maison Blanche assure que la dénucléarisation de la Corée du Nord est toujours un objectif. S’il y a une chose que l’on peut retenir de la première administration Trump, c’est que le président n’est pas connu pour sa précision et nous ne pouvons pas interpréter chacun de ses mots comme étant révélateur d’une intention précise.Kim Jong-un semble dans une position de force, est-ce qu’il a réellement un intérêt à revenir à la table des négociations ?Je pense que tout dépend de la crédibilité que Kim Jong-un accorde à de nouvelles discussions. Il n’a pas exprimé d’intérêt pour l’instant, il n’y a aucune urgence pour la Corée du Nord de négocier avec les États-Unis et surtout peu de compréhension sur la base sur laquelle se dérouleraient des négociations. Il y a des chances que dans les prochaines semaines, la Corée du Nord décide d’agir pour montrer à Donald Trump que le pays n’est pas le même qu’en 2017, lorsqu’il est arrivé au pouvoir pour la première fois. Maintenant Kim Jong-un se voit plus fort politiquement, militairement et dans une très bonne position. Je pense qu’il va insister sur les capacités qu’il possède, des capacités balistiques intercontinentales, des satellites de reconnaissances. Tous ces éléments qu’il a annoncés dans son plan quinquennal, et qui risquent d’agacer les États-Unis et pourraient faire en sorte qu’ils les prennent au sérieux. C’est clair pour Kim Jong-un que Donald Trump veut négocier, mais est-ce que cela sera au sujet de la dénucléarisation ? J’en doute.Quand on sait que la Corée du Nord possède selon les estimations au moins cinquante ogives nucléaires, pourquoi est-ce que le pays envisagerait de négocier ? Qu’est-ce que les États-Unis pourraient leur proposer pour les faire changer d’avis ?Des discussions sur la fin du programme nucléaire semblent improbables, pas seulement à cause des capacités actuelles de l’armée nord-coréenne mais aussi parce que le statut nucléaire de la Corée du Nord est inscrit dans la Constitution du pays. Peut-être qu’ils sont ouverts pour discuter à la marge, mais nous ne sommes plus en 2017. La Corée du Nord ne va pas revenir à la table des négociations et dire : « D’accord, nous sommes prêts à nous engager sur la dénucléarisation et on va remettre notre relation sur des bons rails ». C’est juste impossible.L’autre problème est qu’une discussion sur le contrôle des armements doit comprendre deux éléments compliqués : d’abord cela suppose un processus mutuel avec des concessions des deux camps. Mais surtout il faut un niveau de transparence extrêmement élevé, presque supérieur à ce que requiert une dénucléarisation. Mais nous n’avons aucune idée des quantités de missiles dont dispose la Corée du Nord parmi tous les systèmes qu’ils nous ont présentés ces dernières années. On ne sait pas combien ils ont fabriqué, ce qu’ils ont déployé, on ne sait pas où les missiles se trouvent. Mais tout cela on doit le savoir si on doit dire : « il faut que vous limitiez la construction de missiles, vous ne devez pas les déployer là ». Comment peut-on vérifier si on ne connaît pas leur capacité ? Et ils ne vont pas les révéler comme ça. Donc je pense que l...
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  • Célébration du Nouvel An lunaire chinois
    Jan 29 2025

    Le monde se prépare à célébrer le Nouvel An lunaire, largement considéré comme l'événement le plus important de l'année en Chine et dans les communautés chinoises du monde entier. Marquant la première nouvelle lune du calendrier lunaire, il donne le coup d'envoi de la fête du printemps, qui dure quinze jours. Les célébrations varient en fonction du pays ou de la région, mais il existe quelques traditions communes. C’est l’année du Serpent qui débute ce mercredi.

    Depuis quelques jours déjà, on remarque une certaine surabondance de rouge dans tout Pékin. De petites lanternes sont accrochées un peu partout, les festivités peuvent commencer.

    Dans la culture chinoise, le serpent est considéré comme un symbole de sagesse, d'intuition et de mystère.

    À lire aussiUnesco: le «Nouvel an chinois» inscrit sur la liste du patrimoine culturel de l'humanité

    De Xiangliu, le serpent à neuf têtes du Livre des monts et des mers, au conte populaire La légende du serpent blanc, en passant par les diverses représentations de démons au cinéma et dans les films d'animation, les serpents sont tantôt représentés comme des figures aimables et reconnaissantes, tantôt comme des symboles du mal et de la ruse. Ce sont de véritables créatures qui évoquent à parts égales « l'amour et la haine ».

    En même temps, comme les serpents peuvent perdre leur peau, ils sont associés à la résurrection et la renaissance, ce qui en fait un symbole de forte vitalité et de longévité.

    Ce qu'il faut faire ou ne pas faire

    Lors des célébrations du Nouvel An chinois, l'année zodiacale influence les coutumes et superstitions traditionnelles. Chacun connaît son « ben ming nian », son signe zodiacal et le signe du Serpent est considéré comme une malchance pour ses natifs. Aussi, pour conjurer le mauvais sort, ils portent souvent des vêtements et des accessoires rouges ou des amulettes de jade tout au long de l'année.

    Beaucoup disent qu'il ne faut pas non plus se laver ou se couper les cheveux le premier jour de la nouvelle année. Pourquoi ? Parce que le caractère chinois du mot « cheveux » est le premier caractère du mot « prospérité ». Par conséquent, le fait de se laver ou de se couper les cheveux est perçu comme une perte de fortune.

    Qui dit Nouvel An dit retrouvailles en famille, et le menu est soigneusement choisi pour inclure des plats associés à la chance, notamment du poisson (le mot chinois qui le désigne ressemble aussi à « surplus »), des douceurs (qui symbolisent l'avancement) et des aliments qui ressemblent à des lingots d'or (comme les dumplings).

    Quinze jours de célébrations

    Le point d'orgue de la célébration du Nouvel An, c'est la fête du printemps, la fête des lanternes qui aura lieu le 15e et dernier jour – le 12 février. Appelée Yuan Xiao Jie en chinois mandarin, elle est considérée comme la fin parfaite des préparatifs et des célébrations du Nouvel An lunaire qui durent depuis des semaines.

    Le festival des lanternes célèbre la première pleine lune de l'année, d'où son nom Yuan qui signifie début, et Xiao qui veut dire nuit. Il s'est transformé en une célébration publique de la lumière et de la communauté, symbolisant les retrouvailles, l'espoir et l'abandon de l'année écoulée.

    Enfin, cette célébration marque la fin de l'hiver et le début de la saison printanière.

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